Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Session E - Accueil des participants et introduction
Marylise Onfray  1, 2, *@  , Pierre Péfau  3, 4, *@  , Alessandro Peinetti  5, 6, *@  
1 : Ecologie fonctionnelle et écotoxicologie des agroécosystèmes  (ECOSYS)  -  Site web
Institut National de la Recherche Agronomique : UMR1402, AgroParisTech
2 : Trajectoires - UMR 8215  -  Site web
CNRS : UMR8215
3 : Université Toulouse - Jean Jaurès  (UT2J)  -  Site web
UMR 5608 - TRACES
5 allées Antonio Machado - 31058 Toulouse Cedex 9 -  France
4 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés  (TRACES)
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Université Toulouse - Jean Jaurès, Ministère de la Culture et de la Communication, Institut national de recherches archéologiques préventives, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5608
Maison de la Recherche, 5 allée Antonio Machado 31058 TOULOUSE Cedex 9 -  France
5 : Università di Bologna  (UNIBO)
6 : Archéologie des Sociétés Méditerranéennes  (ASM)  -  Site web
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5140, Université Paul-Valéry - Montpellier 3, Ministère de la Culture et de la Communication
Route de MendeUniversité Paul Valéry-Montpellier 334199 MONTPELLIER Cedex -  France
* : Auteur correspondant

Session E - Dépasser les plans et révéler l'architecture invisible : de l'identification à la restitution des constructions du Néolithique à l'âge du Fer

L'étude de l'espace bâti est une démarche essentielle pour la compréhension des habitats néolithiques et protohistoriques, concernant tant les techniques architecturales, les fonctionnements socio-économiques que les traditions culturelles. Depuis le début du XXe siècle, les recherches archéologiques en Europe de l'Ouest se sont principalement fondées sur l'étude de plans de bâtiments restitués d'après la répartition des creusements (trous de poteau, tranchées) et, plus rarement, à partir de murs arasés ou de niveaux de démolition. Ces vestiges ne correspondent pourtant qu'à une part minime de la forme originelle des constructions et leur seule étude limite de ce fait la compréhension des dynamiques d'occupation de l'habitat. La question des techniques architecturales et de leur évolution depuis le Néolithique reste alors limitée à certaines généralités comme celles de l'usage du torchis pour l'aménagement des parois.

Cette méconnaissance de l'architecture s'explique, d'une part, par la disparition supposée des niveaux d'occupation sur de nombreux sites archéologiques et, d'autre part, par les problèmes de conservation et d'identification des matériaux employés (bois et plus généralement matière organique végétale, terre crue). Par ailleurs, certaines manières de bâtir ne laissent que des traces ténues, voire invisibles lorsque le contexte de préservation n'est pas favorable ou lorsque les méthodes de fouille et d'analyses sont inadaptées. Parfois, la présence de structures bâties ou de partitions dans l'espace habité n'est perceptible qu'à travers l'étude de la répartition du mobilier archéologique, de l'identification d'effets de paroi ou de variations sédimentaires renvoyant à l'emplacement de structures latentes. Il faut également noter que les vestiges étudiés ne correspondent généralement qu'à un état de construction final : de nombreuses étapes de la chaîne opératoire de la construction demeurent ainsi inconnues (réseaux d'approvisionnement, organisation du chantier, gestes des bâtisseurs, entretien et restauration des bâtiments, etc.). Néanmoins, de nombreuses avancées méthodologiques novatrices et originales, ainsi que le développement de démarches interdisciplinaires, permettent désormais de révéler ces architectures invisibles : fouille combinant approches planimétriques et stratigraphiques ; étude de la répartition du mobilier et des « ethnofaciès sédimentaires » ; analyse des vestiges bio-archéologiques et tout particulièrement des restes de bois d'œuvre (anthracologie, dendrochronologie, etc.) ; étude géoarchéologique des sols d'occupation, dont la nature peut révéler la présence d'espaces bâtis et leur fonction. Une place centrale est occupée par l'analyse des restes architecturaux : étude de leurs morphologies, analyses technologiques fondées sur des approches multi-scalaires (e.g. micromorphologie des sols), archéométriques ou paléobotaniques. À cela s'ajoute l'utilisation d'outils du numérique pour documenter les vestiges ou valoriser les résultats acquis (photogrammétrie, restitution 3D, etc.).

Cette session se veut l'occasion de présenter ces différentes méthodes et outils archéologiques et géoarchéologiques. De même, il sera question de mettre en lumière les nouvelles données acquises sur l'organisation des habitats, l'élévation des structures en bois (poteaux plantés, pan de bois et blockbau), en terre porteuse (bauge, pisé, adobe) ou non porteuse (torchis), partitions internes, les sols et les toitures. En outre, elle concerne tous les types de construction : bâtiments individuels et collectifs, les structures défensives (remparts, palissades...), les aménagements intérieurs ou extérieurs. La thématique des architectures funéraires pourra également être abordée. Nous encourageons, par ailleurs, les communications faisant appel à la documentation iconographique, ethnographique ou à l'expérimentation qui contribuent à enrichir la réflexion. Ainsi, les présentations d'études de cas, de synthèses régionales ou thématiques permettront de s'interroger sur la manière dont ces « lacunes architecturales» biaisent les modèles interprétatifs de la restitution des habitats.


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