Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Session K - Accueil des participants et introduction
Pierre-Yves Milcent  1, *@  , Marilou Nordez  1@  , Thibaud Poigt  1, 2@  
1 : TRACES - UMR 5608
Université Toulouse Jean Jaurès
2 : Ausonius - UMR 5607
Université Michel de Montaigne - Bordeaux III
* : Auteur correspondant

Session K - L'économie invisible des produits en matériaux recyclables
De larges pans de l'économie des sociétés protohistoriques nous échappent. De nombreux matériaux et produits n'ont laissé que peu de traces directes, soit parce qu'ils étaient dégradables, soit parce que les sociétés du passé décidaient de les recycler. Les métaux, en vertu de leur fusibilité et de leur valeur intrinsèque généralement élevée (or, argent, alliages cuivreux...), sont les principaux de ces matériaux recyclables. Si on laisse de côté les lieux d'extraction de la matière première, ce n'est donc que dans des contextes particuliers, scellés naturellement (sites de catastrophe, milieux humides) ou volontairement (sépultures, sanctuaires, caches...), que les archéologues sont susceptibles d'identifier directement les objets et autres témoins de cette économie des matériaux recyclables. Dans quelle mesure ces éléments retrouvés sont-ils représentatifs de la quantité produite, consommée et échangée pour une période et une région donnée ? Pour les matériaux fusibles comme les métaux et le verre, le recyclage est d'autant plus difficile à caractériser qu'il peut être répété de nombreuses fois, provoquant ainsi des mélanges et brouillant la traçabilité de la matière première. Néanmoins, des recherches interdisciplinaires parviennent aujourd'hui à contourner certaines de ces difficultés.
 
Cette session invite donc à s'intéresser aux pans de l'économie des matériaux recyclables qui ne laissent que peu de traces, ou des traces indirectes. Pourra également être abordée la question des gestes, qu'ils soient liés à la production, à l'échange, à la circulation, à l'utilisation ou à l'enfouissement. A titre d'exemple, des recherches récentes démontrent tout le potentiel informatif de l'étude des dépôts non funéraires lorsque sont pris en considération les indices indirects : parties d'objets non déposées, impacts lors de la destruction et de la déformation des objets déposés, aménagements labiles, environnement d'enfouissement, etc. Une attention particulière sera portée aux indices ténus de production (lieux, outils, savoir-faire, gestes, etc.) et d'échanges (lieux, instruments, concepts, etc.)en s'affranchissant de l'hypervisibilité de ce qui nous est parvenu.
 
Par l'intermédiaire d'une réflexion sur le recyclage de certains matériaux, cette session vise surtout à ouvrir le débat sur toutes les traces matérielles qui peuvent être laissées par les différents processus de l'économie protohistorique : lieux, moyens et acteurs de la production, des échanges et de la consommation. Nous souhaitons réfléchir à la matérialisation de l'économie protohistorique et aux gestes qui conduisent à la sédimentation de certaines données dans le registre archéologique et à la disparition d'autres. Nous souhaitons par ce biais amener un questionnement sur l'utilisation des données archéologiques dans la restitution de processus économiques en faisant la part des choses entre surreprésentation des gestes finaux et lacunes des processus antérieurs.

Personnes connectées : 16 Flux RSS | Vie privée
Chargement...