Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
À la recherche des plumes et des griffes de rapaces. Résultats d'une approche expérimentale
Anna Rufà  1, *@  , Célia Martin  2@  , Véronique Laroulandie  1@  
1 : De la Préhistoire à lÁctuel : Culture, Environnement et Anthropologie  (PACEA)  -  Site web
Université de Bordeaux, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5199, Ministère de la Culture et de la Communication
Université de Bordeaux - Bâtiment B2 - CS50023 - Allée Geoffroy-Saint-Hilaire - 33615 Pessac Cedex -  France
2 : Master Bio-géosciences, parcours Préhistoire – Géoarchéologie – Archéozoologie, Université de Bordeaux.
Université de Bordeaux (Bordeaux, France)
* : Auteur correspondant

Les découvertes réalisées ces dernières décennies ont permis de préciser l'intérêt que les communautés humaines portaient aux oiseaux durant les phases anciennes de leur Histoire. Ainsi, la place tenue par les oiseaux au sein des traditions des chasseurs-collecteurs du Paléolithique moyen et récent s'est vue réinterrogée et apparait aujourd'hui plus complexe que précédemment perçue. Plusieurs espèces, dont des rapaces, ont été utilisées et ont fourni des matières alimentaires et non-alimentaires (plumes, griffes, ossements, tendons...). Dans ces contextes, les témoins archéologiques des relations hommes-oiseaux sont quasi exclusivement des ossements, les autres matières constituant l'oiseau ayant succombé aux aléas du temps. Ces ossements, tout au moins certains d'entre eux, ont enregistré la mémoire de leur manipulation par nos ancêtres. Théoriquement, l'analyse des traces visibles à la surface de ces vestiges ainsi que leur répartition anatomique permet de déduire, en négatif, les gestes qui furent réalisés, les intentions qui les sous-tendent, et les produits, périssables ou non, qui furent recherchés. Si les traces de découpe sont l'un des éléments les plus informatifs pour documenter l'activité humaine sur les oiseaux, leur interprétation demeure parfois délicate. En effet, ces marques accidentelles peuvent être le résultat de diverses actions (prélèvement des plumes, désarticulation, éviscération, décharnement, etc.). Des actions différentes peuvent impliquées des gestes proches et produire des traces qui seront difficiles à discerner.

Afin de dépasser ce constat, il est important de pouvoir caractériser séparément, autant que possible, le type de traces que chaque activité peut générer. Le présent travail vise à présenter un référentiel expérimental pour mieux caractériser les stries de découpe résultant du prélèvement des plumes des ailes et des griffes de rapaces. Une dizaine de carcasses décongelées de rapaces (diurnes et nocturnes) a été traitée afin d'en extraire exclusivement les plumes et les griffes. Ces spécimens, acquis selon la réglementation en vigueur et destinés à la collection ostéologique du laboratoire PACEA, ont été manipulés avec la contrainte de ne pas briser les ossements. Une seule personne a réalisé la découpe à l'aide d'outils en silex. Une fois nettoyés, les os de l'aile et les phalanges des pieds ont été analysés sous une binoculaire afin de documenter la présence de stries, ainsi que leur emplacement, leur morphologie et leur orientation.

Cette étude fait suite à des travaux similaires mais s'en distingue par le nombre plus important d'observations réalisées. Les résultats obtenus devraient aider à une meilleure compréhension des comportements de nos ancêtres vis-à-vis des oiseaux et, en particulier, des rapaces. Quelques applications archéologiques seront discutées sur cette base.


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