Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Lieux de production et transferts de céramiques en contexte insulaire : le cas de l'ensemble Houat, Hoedic, Belle-Île-en-Mer (Morbihan) au Néolithique récent
Benjamin Gehres  1@  
1 : Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire
Université de Rennes 2
Université de Rennes 1Bâtiment 24-25 Campus de Beaulieu263, Avenue du général LeclercCampus de BeaulieuCS 74205 -35042 Rennes Cedex- France -  France

L'installation des populations néolithiques dans les domaines insulaires de Bretagne est l'occasion de questionner, au travers d'une approche paléoéconomique et archéométrique des céramiques, le développement de la chaîne opératoire des productions de poteries. Il s'agit, à partir d'études pétrographiques et géochimiques des céramiques, d'identifier l'origine des matériaux utilisés dans la production de poteries, et par-delà de questionner l'organisation des systèmes socio-économiques. La nécessité de passer par un système de navigation entre île et continent, ou entre les territoires insulaires, a-t-elle influencée l'organisation de ces groupes et notamment leurs relations ? Peut-on observer une dépendance de ces populations vis-à-vis des installations continentales du point de vue des productions de céramiques ou une absence de contact ? Quels sont les systèmes d'organisation de la production sur ces sites, et où se situent les activités potières ?

Cette présentation portera sur les occupations insulaires du Néolithique récent, localisées dans le complexe insulaire formé par Houat, Hoedic et Belle-Île-en-Mer (Morbihan). Ces territoires insulaires ont l'avantage de ne présenter qu'une faible diversité géologique. Il devient dès lors plus aisé d'identifier les origines des matériaux et de mettre en avant les lieux des productions, malgré l'absence d'indices d'activités potières sur les sites.

Les approches développées pour questionner ces problématiques ont été multiples. Il s'agit d'analyses pétrographiques en lame mince des céramiques, mais aussi d'investigations chimiques globales par spectrométrie de fluorescence X portable (P-XRF), et d'approches ponctuelles par l'analyse des inclusions minérales des pâtes par spectrométrie de masse à source plasma, couplée à un système de prélèvement par ablation laser (LA-ICP-MS).

A partir de ces données, les origines des matériaux ont pu être déterminées, tout comme les traditions techniques employées. Plusieurs comportements ont ainsi été mis en avant :

- Des occupations utilisant des productions locales domestiques faites sur les îles, et des céramiques issues de transferts exclusivement entre territoires insulaires proches ;

- Des sites avec des productions locales spécialisées, façonnées en suivant des traditions techniques spécifiques, et important des céramiques à valeur ajoutées issues d'îles éloignées ;

- Des productions extra-locales quasi exclusives et importées depuis le continent.

Cette diversité dans les échanges et les types de productions permet dès lors une lecture territoriale fine des occupations insulaires. L'approche archéométrique développée dans cette recherche permet ainsi de palier l'absence de traces et d'artéfacts permettant de relier directement les terres-cuites aux occupations, et de restreindre l'étendue des zones de production à des territoires géologiques. L'étude des traditions techniques et des préparations des terres permets alors, au travers des approches archéométriques, d'identifier une diversité de modèle de production domestique dans les contextes anciens. Il est dès lors possible de questionner à partir de ces données la multiplicité des organisations socio-économiques du Néolithique récent dans les îles morbihannaises.


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