Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Envisager les territoires et les réseaux au Paléolithique moyen : quelles données, quelles possibilités ?
Erwan Vaissié  1, *@  , Jean-Philippe Faivre  1, *@  
1 : De la Préhistoire à lÁctuel : Culture, Environnement et Anthropologie  (PACEA)  -  Site web
Université de Bordeaux, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5199
Université de Bordeaux Bâtiment B8 - CS50023 Allée Geoffroy Saint Hilaire 33615 PESSAC CEDEX -  France
* : Auteur correspondant

Les approches visant à l'identification et l'étude des réseaux des groupes humains au Paléolithique, enjeu majeur de l'étude des sociétés passées, reste majoritairement l'apanage des périodes « récentes » (à partir du Paléolithique récent). Bien que le passage du Paléolithique moyen au Paléolithique récent ne soit désormais plus perçu comme une rupture franche mais comme la succession d'une mosaïque d'innovations (art, ornements, industries osseuses), le questionnement des relations, réelles ou supposées, entre groupes humains au sein d'espaces chrono-culturellement cohérents demeure rare pour la période du Paléolithique moyen.

L'objectif de cette communication est double. En premier lieu aborder la notion de proximité culturelle telle qu'elle peut être approchée au cours du Paléolithique moyen récent (125 à 40 ka) sur la façade atlantique européenne. Le caractère protéiforme des industries lithiques associées à cette période, couplé aux faibles indices matériels pouvant être considérés comme des marqueurs culturels (manifestations artistiques ou symboliques), constitue encore aujourd'hui un frein à la prise en considération des caractères techniques comme élément à valeur culturel. L'étude des systèmes de production lithiques, a permis de rendre compte de traditions techniques communément partagées (suivant des extensions spatio-temporelles variables) et a ouvert de nouveaux champs pour la compréhension des sociétés néandertaliennes. Cependant, le rapprochement culturel de séries, chronologiquement et géographiquement séparées, demeure encore aujourd'hui largement débattu.

En second lieu cette communication aborde la question de la reconnaissance de transferts matériels au Paléolithique moyen. Les exemples de circulations de matériaux sur de grandes distances (supérieures à 100 km) sont rarement documentés pour cette période, et ce fait sert encore de critère distinctif avec les périodes du Paléolithique récent. Nous voudrions ici aborder la question des réalités archéologiques et / ou préhistoriques sous-jacentes à cet état de l'art. Le poids du manque d'application systématique de diagnoses pétroarchéologiques exhaustives, de la notion de marqueurs discrets de matériaux lointains, ou encore de l'importance des caractéristiques propres aux systèmes de débitages du Paléolithique moyen (en terme de segmentation et de durée de vie de la chaîne opératoire) seront notamment discutés.

Nous aborderons ces notions au travers de l'étude de trois sites du Paléolithique moyen : Baume-Vallée (Haute-Loire), Rescoundudou (Aveyron) et Combe-Grenal (Dordogne). Les données récentes issues de l'analyse pétro-techno-économique de ces trois gisements viennent mettre en évidence des espaces d'approvisionnement inédits pour le Paléolithique moyen. L'identification des variations de gestions des matériaux sur certains itinéraires permet en outre d'envisager l'évolution des mobilités des groupes humains propres à chaque espace, ainsi que de discuter de la signification potentielle en terme de territoires et de frontières.


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