Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Pas de peaux pour les Néandertaliens ?
Marie-Cécile Soulier  1, *@  , Enya Régis * , Sandrine Costamagno  1, *@  
1 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés  (TRACES)  -  Site web
CNRS : UMR5608, Université Toulouse le Mirail - Toulouse II
Maison de la Recherche, 5 Allée Antonio Machado 31058 Toulouse Cedex 9 -  France
* : Auteur correspondant

De nombreux exemples ethnographiques témoignent de l'importance que revêt l'acquisition de la peau et de la fourrure pour les peuples de chasseurs-cueilleurs en particulier dans les régions septentrionales. La récupération des peaux et leur traitement sont des activités qui sont planifiées à l'avance et de façon saisonnière afin de reconstituer les stocks d'une année à l'autre. L'utilisation de ces peaux, selon la proie, leur provenance anatomique, est largement codifiée tant sur le plan des usages que sur un plan sociologique puisque, selon l'âge ou le sexe, on ne porte pas le même type de peau ou de fourrure. Les façons de prélever les peaux apparaissent aussi inhérentes à leur destination finale mais aussi intrinsèquement liées à leur qualité.

En contexte paléolithique, l'utilisation de la peau est le plus fréquemment documentée par des analyses tracéologiques menées sur l'outillage lithique et plus rarement osseux, grâce à la présence d'outils en os tels que des lissoirs, aiguilles, etc., ou encore à travers des indices indirects comme la répartition spatiale de certains vestiges archéologiques habituellement associés à des activités de peausserie. Si ces analyses permettent d'attester d'un travail de la peau, voire d'identifier des étapes particulières au sein de la chaîne opératoire, les façons de prélever cette ressource avec la mise en évidence d'éventuels patrons standardisés de découpe restent imperceptibles. Le référentiel expérimental de boucherie réalisé dans le cadre du PCR « Des Traces et des Hommes » (Thiébaut et al., 2019) fournit un nouveau cadre interprétatif pour l'étude des stries de boucherie et tout particulièrement des traces de dépouillement.

L'application de ce référentiel à deux ensembles osseux moustériens Quina du gisement des Pradelles (faciès 4a et 2b) sera l'occasion de réfléchir sur l'importance tenue par la peau pour ces populations néandertaliennes : ont-ils prélevé/récupéré la peau ? Peut-on identifier des patrons de découpe ? Sont-ils stables/récurrents dans le temps ? Que nous révèlent-ils sur l'utilisation de la peau par ces populations ? Sur leurs besoins ? Leurs savoirs faire ? La fonction du site ?

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Thiébaut C., Claud E., Costamagno S. (dir.) – 2019 – L'acquisition et le traitement des matières végétales et animales par les néandertaliens : quelles modalités et quelles stratégies ? Résultats d'une enquête fondée sur l'approche expérimentale et l'étude archéologique de plusieurs sites d'Europe occidentale, menée dans le cadre du PCR « Des traces et des Hommes ». P@lethnologie 10. https://journals.openedition.org/palethnologie/


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