Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Devenir aurignacien. Structure, pratique et contexte de l'apprentissage de la taille de la pierre à Régismont-le-Haut (Poilhes, Hérault).
Lars Anderson  1@  
1 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés  (TRACES)
École des Hautes Études en Sciences Sociales, Université Toulouse - Jean Jaurès, Ministère de la Culture et de la Communication, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5608
Maison de la Recherche, 5 allée Antonio Machado 31058 TOULOUSE Cedex 9 -  France

La transmission des savoirs, pourtant indissociable de la notion de culture, actuelle ou préhistorique, est un sujet souvent abordé de manière implicite. Bien que la transmission soit un objet d'étude depuis les années 80, cette problématique est redevenue de plus en plus courante ces dernières années. Les approches sont variables, mais l'on pourrait les diviser en deux pôles correspondant aux langues de la pratique archéologique. D'un côté, le mode de diffusion et de sélection des idées techniques a été largement abordé au sein de la « cultural transmission theory » des archéologues anglophones qui traitent les mécanismes et les démarches d'apprentissage comme des « boîtes noires ». D'un autre côté, l'identification des stigmates matériels de l'apprentissage et la recherche de différents degrés de savoir-faire au sein des communautés anciennes ont fait l'objet d'études menées surtout par des archéologues francophones et un peu plus récemment, scandinaves.

Ces deux approches nous semblent complémentaires, et pourtant il est rare qu'elles soient véritablement croisées. Nous proposons que cet état de fait ne soit pas simplement le résultat de barrières de langues ou de traditions archéologiques, qui sont de plus en plus poreuses. Il nous semble plutôt dû à la combinaison d'une absence de contextualisation de l'apprentissage au sein d'un système et d'un engagement trop rare ou superficiel avec des disciplines connexes (notamment la psychologie écologique, l'anthropologie des techniques et l'archéologie/anthropologie de la pédagogie et du genre).

Nous essaierons ici de relier ces deux approches en utilisant l'exemple du site de plein air aurignacien de Régismont-le-Haut (Poilhes, Hérault), daté autour de 34,4 ka cal BP. Après une brève présentation de la méthode d'étude employée, nous décrirons plusieurs exemples illustrant différents degrés de savoir-faire visibles à travers l'étude des remontages lithiques, via le prisme de la psychologie écologique et de l'anthropologie de la pédagogie. Nous remettrons ces faits techniques dans leur contexte spatial, fournissant ainsi une compréhension de l'organisation sociale de l'espace à l'intérieur du campement. Puis nous aborderons plus largement les sphères sociales et économiques, permettant de situer le site au sein d'un circuit nomade et d'un modèle des lieux d'apprentissage. Une telle approche, intégrant de multiples courants de pensée, permet de passer du geste à l'individu, de situer celui-ci au sein d'un groupe et de proposer des éléments d'organisation socio-économique à large échelle. Dans cette démarche, à l'objectif profondément paléosociologique, la transmission des connaissances et l'acquisition du savoir-faire ne sont pas traitées de manière implicite, mais elles forment le cœur du programme d'étude.


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