Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Absence de genre ou genre de l'absence ?
Caroline Trémeaud  1@  
1 : Trajectoires  (UMR 8215)  -  Site web
CNRS : UMR8215, University Paris 1 Panthéon - Sorbonne

La prise de conscience du genre, ou plutôt de son absence, au sein des dynamiques de recherches en archéologie française n'est une nouveauté.

Si l'émergence du genre en archéologie se fait à la fin des années 70 et, ce, de façon synchrone avec le reste des sciences humaines et sociales, l'émergence d'une sous-discipline se perçoit à partir des années 1990 avec les multiplications des monographies sur cette question. Or, la France n'est pas absente des problématiques de genre, et on le voit notamment en histoire avec l'élaboration à la fin des années 1980 des volumes de l'Histoire des femmes en Occident, première synthèse sur le sujet. Ce n'est donc pas une particularité française mais bien de l'archéologie française, notamment en Pré- et Protohistoire.

 Ainsi, se questionner sur cette lacune apparente française est fondamental, avec une première perspective : s'agit-il réellement d'une mise de côté de ce champ de recherche, au moment où il éclot en archéologie anglo-saxonne et nordiques ?

Ou serait-ce simplement la dénomination de genre ou gender qui n'aurait pas permis de reconnaître, unifier ce champs de recherche, sans pour autant que ses problématiques soient absentes de la recherche ?

Cette question de la thématique abordée avant celle du vocabulaire ne peut être ignorée, le terme même de genre en France reste encore actuellement très polémique. La polysémie du terme et son histoire expliquent en partie les réticences liées à son utilisation en français, notamment par rapport à l'anglais.

 

Cette communication vise aussi à questionner au-delà de l'archéologie, les différentes spécialités, afin de voir si cette lacune est générale ou liée à certaines spécialités (Préhistoire, Protohistoire). En effet, est-ce que le vide apparent pourrait être le fait de données particulières, liées à des sociétés anhistoriques et donc pour lesquelles l'étude du genre nécessite de développer certains outils certaines méthodes particulières.

En effet, l'absence de sources textuelles et iconographiques pour l'âge du Bronze et le début du premier âge du Fer dans le monde nord-alpin, nécessite une approche indirecte du genre. Si les méthodes doivent de fait s'adapter aux différents corpus, cela nécessité une maitrise de bases théoriques sur ce terme même de genre.

Qu'il y ait ou pas, un retard français à combler, il est nécessaire de définir les notions employées en archéologie pour construire réellement la discipline et lui permettre de s'unifier afin de dépasser cette lacune. L'effort théorique est un préalable nécessaire pour dépasser ce qui est une véritable doxa et déconstruire des stéréotypes fortement ancrés.

Cette communication vise ainsi à dépasser les questions sur ce vide en essayant de l'expliquer, pour mieux démontrer la pertinence des problématiques de genre sur des sociétés anhistoriques et l'existence d'un champ de la réflexion vaste, s'enrichissant en permanence de nouveaux travaux, témoignant ainsi d'une dynamique renouvelée.

 


A Lack of Gender in French Archaeology?

Gender awareness or rather the lack of it in archaeological research in French is not novelty. But if the french archaeology appears as not invested in gender issues, they are well represented in history since the end of 1980's. The lack of gender is not a French particularity in social science but seems to be specific to archaeology and maybe more to Prehistoric and Protohistoric archaeology.

It seems fundamental to question the lack of gender in French archaeological research, which is the aim of this proposal with twofold perspectives:
• Could gender studies been set aside in the 1970 in archaeology, when feminism emerge in social science? In this case, french archaeology (or archaeologists) have not gone along the road of feminism issues neither gender topics few years later?
• Is-it simply a problem linked to the word “gender” (controversial in French) which will lead to difficulties to recognize and unify this new field?
Nevertheless, the lack of a research field clearly structured does not mean gender issues are absent.
The question of terminology, approached before the subject, is important in french where the controversy of the word gender is still significant: the polysemy of the word can be a first explanation.
This proposal aims to question the lack of gender linked to characteristics of archaeology of societies before history: without textual sources, gender studies needs to develop methodological tools, which could explain that this field had not appeared in parallel with feminism?

Deliberate delay or invisibility of this research field, it is necessary to define properly theoretical notions to construct this field of study in French archaeology. The theoretical step is one way to deconstruct stereotypes embedded in interpretations, in order to engendered French archaeology with a real understanding of gender.
Try to explain the lack of gender is a first step that will lead to prove the importance of gender studies in prehistoric archaeology, and to unify this research theme without becoming a fashionable issue (discussed but not mastered).


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