Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
"Veux-tu bien me mettre en couleur ?" La couleur réinventée dans deux grottes ornées du Périgord magdalénien.
Elena Paillet  1, 2, *@  , Patrick Paillet  3, *@  
1 : Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire  (CReAAH)  -  Site web
Universite de Rennes 1 : UMR6566
Université de Rennes 1Campus de Beaulieu CS 74205 -35042 Rennes Cedex- France -  France
2 : Service régional de l'Archéologie de la DRAC Bretagne  (SRA)
Ministère de la Culture et de la Communication
Campus Beaulieu, Avenue du Professeur Foulon, 35700 Rennes -  France
3 : UMR Histoire naturelle de l'Homme préhistorique  (HNHP)  -  Site web
CNRS : UMR7194, Muséum National d'Histoire Naturelle (MNHN)
Musée de l'Homme - 17 place du Trocadéro - 75116 Paris -  France
* : Auteur correspondant

La peinture et le dessin constituent l'une des composantes graphiques majeures de l'art pariétal paléolithique. Pourtant, il arrive que ces témoignages qui auraient pu être spectaculaires soient discrets, voire évanescents, notamment à cause de mauvaises conditions de conservation. Ces images fragmentaires deviennent illisibles, mal comprises, quand elles ne sont pas tout simplement invisibles aux yeux du visiteur. La « remise en couleur » des parois est aujourd'hui un préalable pour comprendre un dispositif pariétal, y compris dans le cas de grottes ornées célèbres et régulièrement fréquentées. Nous en avons fait l'expérience à travers deux études dans les grottes voisines de Combarelles I et Font-de-Gaume, aux Eyzies de Tayac (Dordogne).

Dans le premier cas, un inventaire mené sur plusieurs années a permis de démontrer l'importance numérique des traces colorées, essentiellement noires, dont le corpus a doublé depuis la publication de C. Barrière (1997). Loin d'être des éléments anecdotiques, elles sont désormais remises en relation directe avec les gravures, notamment animales, proposant une nouvelle vision du décor de cette grotte dite « à gravures ». Le noir sert d'ébauche à l'emplacement d'un animal, en rehausse les caractéristiques fondamentales ou l'accompagne d'autres congénères à peine esquissés. À Font-de-Gaume, notre approche s'est centrée autour des secteurs « inconnus » de la cavité, dans les galeries Prat et latérale. Rapidement étudiées par l'abbé Breuil et réputées peu décorées, ces zones ont livré des dizaines de nouvelles entités graphiques passées auparavant inaperçues. Là où les nouveaux mammouths, chevaux et bisons viennent conforter le bestiaire classique de la cavité, de nombreux « masques » inédits, distribués sur des colonnes stalagmitiques, font évoluer notre perception de son art.

Réétudiée lors de nouvelles lectures fines de terrain, et avec l'appui de nouveaux moyens technologiques, la couleur retrouve enfin une juste place dans ces deux cavités. Grâce à elle, nous percevons mieux le décor conçu par les artistes et nous nous approchons un peu plus de leur réalité symbolique. 


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