Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Rendre des pratiques funéraires visibles et lisibles : zoom sur quelques nécropoles picardes de l'âge du Bronze
Isabelle Legoff  1@  , Ghislaine Billand, Nathalie Buchez  2@  
1 : Éco-Anthropologie  (EA)  -  Site web
Museum National d'Histoire Naturelle, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7206, Université de Paris : UMR_7206
Musée de l'Homme - 17 place du Trocadéro - 75016 Paris -  France
2 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives  (INRAP)  -  Site web
INRAP

auteurs : Isabelle Le Goff, Ghislaine Billand Nathalie Buchez

Depuis plusieurs années, les opérations archéologiques menées sur le territoire de la Picardie livrent régulièrement des nécropoles de l'Age du Bronze de sorte que les connaissances engrangées commencent à faire système, notamment celles caractérisant l'entité Manche-Mer-du-Nord. Le dernier bilan présenté au colloque de Boulogne en 2012 propose d'ailleurs un premier essai de reconstitution des procédés funéraires qui se sont succédés entre le Bronze ancien et l'aube du Bronze final, dans le nord de la France.

Tous ces travaux se sont confrontés à des structures funéraires généralement sobres dans leurs expressions architecturales (fosse sépulcrale simple hors ou dans un monument funéraire) et dans leur contenu et ce, que le cadavre soit inhumé ou brûlé. Avec l'apparition de la crémation dès le Bronze ancien (A2), s'ouvre une longue période pendant laquelle le système funéraire, assez uniforme, est marqué par une sobriété croissante. Le nombre des composantes de la tombe, leur diversité se réduisent encore au fur et à mesure que l'on s'approche du Bronze final ; l'urne en céramique disparait et les rares objets présents s'avèrent fragmentaires ou latents (urne cinéraire en matière périssable). Finalement, le contenu de la tombe se limite à un corps, réduit par la crémation et à une nouvelle composante, les « cendres » du bûcher.

Sur ce territoire, se sont donc implantés, sur la longue durée, des sites funéraires peu visibles après décapage et qui, une fois détectés, résistent à l'analyse archéologique. La recherche des types de tombe et de leurs variations est en effet compliquée par le fait qu'elles furent longtemps considérées comme « sans objet ». En d'autres termes, les vestiges n'existent guère puisqu'ils ne sont pas pensés. Or, la typologie est l'une des pièces maitresses du traitement des données archéologiques. Combinée au facteur temps, elle précise l'apparition d'un type, sa durée de vie et conduit à phaser un site ou à percevoir l'évolution d'un système funéraire. Il en est de même pour la recherche de constantes précisant les nuances du comportement funéraire selon l'âge au décès ou le genre.

En s'appuyant sur quelques sites significatifs, cette communication s'intéresse aux différentes expériences et collaborations (anthracologie, carpologie, micro-morphologie ...) mises en place pour rendre lisibles ce type de structure. Comment détecter les structures discrètes quand on sait qu'elles existent ? Comment compter les morts quand leur os sont évanescents ? Comment trouver les gestes spécifiques aux traitements de reliquats de corps et de bûcher ? Comment travailler à restituer des pratiques funéraires avec des variables immatérielles (les gestes) ?


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