Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Invisibles tombes à char en Gaule de l'Ouest au Ve s. av. J.-C.
Pierre-Yves Milcent  1@  
1 : TRACES - UMR 5608
Université Toulouse Jean Jaurès

Les recherches sur la fin du premier âge du Fer en Europe tempérée occidentale sont focalisées, parfois à l'excès, sur les phénomènes élitaires hallstattiens. Parmi les signatures archéologiques des élites de la fin du premier âge du Fer et du début de l'époque suivante, les tombes à char jouent un rôle clef. Il importe donc de suivre l'évolution de cette pratique funéraire distinctive dans le temps et l'espace. Les tombes à char, ou à éléments de char, sont d'abord attestées à l'âge du Bronze final en Europe centrale. Au cours du Premier âge du Fer, leur distribution spatiale atteint progressivement des régions plus occidentales. A l'époque de La Tène, elles sont plutôt localisées dans le nord de la Gaule et l'est de l'Angleterre.

Dans ce schéma de diffusion, la Gaule de l'Ouest n'est jamais véritablement prise en considération : les tombes à char, ou à éléments de char, y demeureraient pratiquement inconnues, notamment au Ve s. av. J.-C., l'époque de transition entre le Premier et le Second âge du Fer, c'est-à-dire le moment où ces tombes deviennent pourtant plus nombreuses ailleurs. Un nouvel examen de la documentation archéologique, souvent ancienne, montre toutefois que ces tombes élitaires du Ve s. sont répandues en Gaule de l'Ouest, eu égard au nombre de sépultures fouillées. Dès lors, comment interpréter qu'elles soient demeurées invisibles à nos yeux après un siècle et demi de recherches ? Ceci peut s'expliquer en partie par le fait que la Gaule de l'Ouest, qui relève essentiellement des réseaux culturels médio-atlantiques, a été et est encore considérée à tord comme une région périphérique de l'âge du Fer, de seconde zone en quelque sorte. Elle serait demeurée à l'écart des phénomènes qui touchent les régions de tradition culturelle hallstattienne, réputées plus dynamiques parce que plus proches de la Méditerranée.

Cette communication s'attachera, après une présentation des preuves archéologiques, à montrer combien la notion de réseau permet de dépasser aujourd'hui les modèles « centre-périphérie » traditionnels, et de renouveler les approches concernant la transition entre les deux âges du Fer en Europe tempérée occidentale.


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