Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Quand une attribution peut en cacher une autre: l'apport de nouvelles recherches à la compréhension des dynamiques de peuplements préhistoriques en Europe du sud-est. L'exemple de la Dalmatie (Croatie)
Sonja Kačar  1, 2, *@  , Emil Podrug  1, *@  
1 : Šibenik City Museum
Ul. Gradska vrata 3, 22000, Šibenik -  Croatie
2 : TRACES, UMR 5608
Université Toulouse II - Jean Jaurès
5 Allées Antonio Machado 31058 Toulouse Cedex 9 -  France
* : Auteur correspondant

En Dalmatie, comme dans le reste de l'Europe du sud-est, la répartition spatiale des sites préhistoriques est contrastée selon les périodes et les topographies. Le nombre de sites néolithiques répertoriés est beaucoup plus important que celui des sites paléolithiques et mésolithiques. La surreprésentation des sites néolithiques est-elle seulement le fait d'une plus grande lisibilité des sites de cette période en raison d'une sédentarité affirmée ?

Si les sites paléolithiques sont surtout connus en contexte de grotte, lieux longtemps privilégiés par les prospections des archéologues locaux, les occupations mésolithiques font souvent défaut dans ces lieux "clos" même alors qu'ils sont par définition particulièrement propices à la préservation des matériaux archéologiques.

D'un côté, l'absence de sites de plein air s'explique souvent par des facteurs taphonomiques (transgression marine, dépôts alluviaux) tandis que l'absence d'occupations en grottes reflèterait une réalité historique, qui renvoie à des changements dans les modes d'exploitation du territoire et/ou à un dépeuplement. D'un autre côté, il semble que le biais lié à l'absence de recherches (et surtout des spécialistes) peut être mise en avant dans les deux cas et ce biais contribue à brouiller notre compréhension des occupations dans une perspective diachronique.

Pour mieux appréhender cette question, nous présenterons l'exemple du site de Konjevrate (Dalmatie, Croatie). Ce site, par la présence des vestiges céramiques de type Impressa, a été initialement (dans les années 1990) attribué au Néolithique ancien, alors que des études récentes sur l'outillage lithique interrogent cette attribution péremptoire et univoque. Suite à ces incertitudes, nous y avons effectué de nouvelles fouilles en 2018. Celles-ci ont pu confirmer nos présomptions sur une hétérogénéité du matériel issu des fouilles anciennes puisqu'elles ont mis en évidence une occupation Impressa et une occupation épigravettienne. Le premier site de plein air datant du Paléolithique supérieur en Croatie a ainsi été mis au jour.

Parallèlement à cette découverte majeure, nous mentionnerons également d'autres exemples de telles révisions qui ont permis une nouvelle interprétation de la distribution des sites.


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