Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Dénicher le(s) potier(s). Analyse des productions céramiques des sites du Bronze final de Quitteur “ Sur la Noue la Lande ” (70) et Villiers-sur-Seine « Le Gros Buisson » (77).
Théophane Nicolas  1@  , Rebecca Peake * , Jean-François Piningre * @
1 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives  (INRAP)  -  Site web
INRAP
* : Auteur correspondant

Cette contribution met en regard la production céramique de deux sites remarquablement conservés qui ont fait l'objet d'études approfondies : L'habitat de Quitteur “ Sur la Noue la Lande ” (70) daté de l'étape moyenne du Bronze final et de l'habitat aristocratique de Villiers-sur-Seine « Le Gros Buisson » (77) daté de la fin du Bronze final.

L'habitat groupé de Quitteur est implanté sur une basse terrasse d'un méandre de la Saône. L'espace est structuré en différentes unités domestiques. Chacune est organisée de manière similaire (2 à 3 fosses, un silo, un vase de stockage, une structure de combustion sur sole foyère, ainsi que d'un dépotoir). Cette organisation récurrente l'est également dans la répartition du matériel céramique : au sein de chaque cellule, on trouve les mêmes types de récipients céramiques dans des proportions équivalentes. Chaque unité est une entité autonome : elle est dotée de son propre moyen de stockage , ainsi que de sa structure de combustion sur sole foyère . Un four à coupole amovible est associé à l'une de ces unités. En périphérie, on relève un certain de nombre de structures communautaire (puit, foyer, aire de grillage). La production céramique n'est pas massive ; il s'agit d'une production élaborée vraisemblablement au sein de l'unité domestique.

L'habitat aristocratique de Villiers-sur-Seine localisé en fond de vallée de la Seine s'étend sur une butte graveleuse triangulaire de 2 hectares, délimitée au sud par la Seine et au nord par un important paléochenal. L'habitat s'est ainsi développé à l'intérieur de ce système défensif ; il est constitué de 460 fosses et deux bâtiments sur poteau. Le corpus céramique est exceptionnel. Cette richesse a largement alimenté l'étude typochronologique, mais a également permis de traiter d'autres aspects comme la production céramique (identification des différentes « mains » dans le façonnage), l'utilisation des récipients, la composition des ensembles et les modalités de rejet de la céramique. Il a été en outre caractérisé des structures de combustion à usage artisanal. La répartition spatiale de ces fours permet de mettre en évidence une partition de l'espace ; leur association avec des concentrations de mobilier (lest, meule, pâton...) permettent de définir des aires d'activités, notamment potières. Ce site d'habitat occupe une place importante dans la hiérarchie des sites, exerçant un pourvoir, voir un contrôle sur les habitats de rang inférieur ; Un lieu qui a accueilli des événements collectifs saisonniers avec un partage et une consommation de nourriture en grande quantité.

Le mobilier céramique de ces deux ensembles a fait l'objet d'une étude technologique, permettant la mise en en évidence de chaînes opératoires et les usages des "potiers". Associé à un certain nombre de vestiges en lien avec l'activité potière : pâton, esthèque, lissoir, batte..., ou des structures de combustion, il permet de renseigner des aspects techniques, l'organisation de la production, les niveaux de savoir-faire mis en jeu et à mettre en évidence différents degrés de spécialisation artisanale, comme la « valeur » et le statut des objets fabriqués et sur la pertinence des appellations traditionnellement utilisées (productions domestiques/productions de prestige).


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