Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par auteur > Pasquini Béline

La critique féministe et l'archéologie : évolution et état des lieux de la situation actuelle en France et en Belgique francophone
Laura Mary  1, *@  , Béline Pasquini  2, *@  , Ségolène Vandevelde  2, *@  
1 : a.s.b.l. Recherches et prospections archéologiques  (RPA asbl)  -  Site web
RPA asbl Rue du Béguinage 10 bte 2 B-1300 Wavre -  Belgique
2 : Archéologies et Sciences de l'Antiquité  (ArScAn)  -  Site web
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7041, Ministère de la Culture et de la Communication : UMR7041, Université Paris Nanterre : UMR7041, Université Panthéon-Sorbonne : UMR7041
MSH Mondes, BAL 5, 21, allée de l'université 92023 NANTERRE CEDEX -  France
* : Auteur correspondant

L'article fondateur de l'archéologie du genre, Archaeology and the Study of Gender, publié en 1984 par Margaret Conkey et Janet D. Spector pose les bases de la critique féministe en archéologie. Elles y démontrent que les connaissances au sein de la discipline ont été construites de manière androcentrique en valorisant les activités des hommes et en invisibilisant celles des femmes. Elles mettent également en évidence les biais sexistes qui influencent les interprétations et que nous illustrerons avec quelques exemples emblématiques en préhistoire et protohistoire. Elles introduisent par ailleurs le genre comme catégorie analytique et encouragent dans le même temps à reconnaître la présence des femmes dans l'histoire de la discipline. Cet article et ceux qui suivront (Gero, 1985 ; Bertelson, Lillehammer et Naess, 1987 ; Wylie, 1991 entre autres) n'arrivent toutefois que difficilement à se frayer un chemin dans le milieu archéologique francophone. Les autres disciplines des sciences humaines et sociales, comme l'histoire, ne semblent pourtant pas faire preuve de la même réticence. Le premier cours sur l'histoire des femmes est ainsi donné dès 1973 à l'Université Paris-Diderot (Paris 7) par les historiennes Fabienne Bock, Michelle Perrot et Pauline Schmitt (Perrot, 2014) ; et c'est sous la plume de cette dernière qu'apparaît, dès 1990, le concept d'« histoire du genre ». En archéologie, il faudra pourtant patienter jusqu'au début des années 2010 pour qu'émergent les premières publications se revendiquant clairement de la gender archaeology (Mathieu, 2010 ; Péré-Noguès, 2011 ; Demoule, 2012 ; Belard, 2014 ; Trémeaud, 2014). Pourquoi un tel retard ?

Cette communication propose de dresser un état des lieux de la situation en France et en Belgique francophone. Nous évoquerons l'évolution de la place des femmes dans la discipline dans ces pays vs les États-Unis, et nous nous intéresserons à la représentation des femmes en archéologie, aujourd'hui, à partir de l'analyse de documentaires réalisés ces dernières années en préhistoire. Nous terminerons cette présentation en tentant d'expliquer les raisons de l'hermétisme de l'archéologie francophone à la critique féministe.

 

Archeology and the Study of Gender published in 1984 by Margaret Conkey and Janet D. Spector is the founding article of feminist criticism in archaeology. In this text, Conkey and Spector show that the knowledge within the discipline has been built in an androcentric way by enhancing the activities of men and by invisibilizing those of women. They also highlight the sexist biases that influence interpretations. They also introduce gender as an analytical category and at the same time encourage the recognition of the presence of women in the history of the discipline. However, this article and those that will follow (Gero, 1985; Bertelson, Lillehammer and Naess, 1987; Wylie, 1991 among others) find with difficulty their way into the French-speaking archaeology. The other disciplines of the human and social sciences, such as history, do not seem to show the same reluctance. The first course on women's history was thus given in 1973 at the University of Paris-Diderot (Paris 7) by the historians Fabienne Bock, Michelle Perrot and Pauline Schmitt (Perrot, 2014). And it is under the pen of the latter that the concept of "histoire du genre" appeared in 1990. In archaeology, we have to wait until the beginning of the 2010s for the first publications that clearly claim to be gender archaeology (Mathieu, 2010; Péré-Noguès, 2011; Demoule, 2012; Belard, 2014; Trémeaud, 2014). Why such a delay?
This communication proposes to draw up an inventory of the situation in France and in French-speaking Belgium. We will discuss the evolution of the place of women in the discipline in these countries vs the United States, and the representation of women in archaeology today based on the analysis of documentaries produced in recent years in prehistory. We will end this talk by attempting to explain the reasons for the hermeticism of French-speaking archaeology to feminist criticism.

keywords : gender archaeology, gender history, francophone archaeology, feminism, reflexivity


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