Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par auteur > Favrel Quentin

Qui sont les potiers campaniformes ? Quels sont leurs réseaux ?
Quentin Favrel  1@  
1 : Doctorant - UMR8215 Trajectoires  -  Site web
CNRS : UMR8215, Université Paris I - Panthéon-Sorbonne
MSH Mondes 21 allée de l'Université 92023 Nanterre cedex -  France

En contexte archéologique chercher à atteindre l'artisan à l'origine de l'objet reste une tâche complexe, elle peut même sembler dérisoire, qui plus est pour les périodes les plus anciennes ou les sources écrites font défaut comme le Néolithique ou l'âge du Bronze en France. On se borne le plus souvent à étudier et décrire les objets et structures mis au jour, à produire des typologies. Atteindre les logiques de productions et les réseaux de circulations, d'échanges ou de diffusions reste un exercice complexe qui est loin d'être systématique et tend parfois à devenir une fin en soi. Aller plus loin, vouloir établir un lien direct entre des objets et leurs producteurs, nécessite des conditions spécifiques, une méthodologie adaptée, et parfois aussi un peu de chance. Dans le cas de la céramique les approches typologiques on longtemps constituées le cœur des études de mobilier, ce n'est que plus récemment que les études technologiques, la pétrographie, les analyses physico-chimiques se sont développées.

Mais l'accumulation des découvertes ces dernières décennies, l'essor des approches technologiques et les progrès techniques réalisés en archéologie permettent sous certaines conditions de pallier ces limites. Dans ce cadre, le développement du Campaniforme dans le nord-ouest de la France constitue un exemple de choix. Les opérations préventives et programmées ont permis la découverte de quelques structures ou objets en lien direct avec la production de vases campaniformes. Les études technologiques ont permis d'identifier les techniques de fabrications mises en œuvre par les potiers (à travers le concept de chaine opératoire) et de préciser quels outils ont été utilisés pour fabriquer des céramiques campaniformes.

Plus globalement ces preuves peuvent être directes, lorsqu'il s'agit d'outils découverts sur le site, ou indirectes lorsqu'il s'agit de négatifs d'outils ou de macrotraces liées aux supports utilisés pour monter le vase. On peut alors identifier une partie des outils et des méthodes employés par les potiers campaniformes pour présenter un premier bilan des découvertes. Dans un second temps les études technologiques réalisées sur la céramique campaniforme permettent de compléter ces observations. En plus de définir des traditions on peut interroger les rapports sociaux entre les différents producteurs de céramique. Certains vases s'éloignent des productions du standard, défini par L. Salanova et évoquent des processus de copie, d'emprunt ponctuel ou encore des productions d'apprentis.

Si les éléments relatifs à la fabrication de la céramique campaniforme sont encore peu nombreux, ils permettent néanmoins de revenir sur la question de l'apparition puis du développement du Campaniforme dans le nord-ouest de la France. On considère que l'apparition du Campaniforme est liée à un déplacement de quelques potiers, au moins en Basse-Bretagne ou les vases maritimes sont très nombreux. Les données disponibles permettent d'ébaucher plusieurs modèles théoriques pour expliquer l'apparition de cette production céramique d'origine allochtone dans le nord-ouest de la France et les relations entretenues entre les différents groupes de potiers qui ont nécessairement coexistés en certains lieux.


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