Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par auteur > Roscio Mafalda

Le bronze des vivants, le bronze des morts : le métal invisible dans la société de l'étape ancienne du Bronze final de France orientale
Rebecca Peake  1@  , Claude Mordant  2, *@  , Valérie Delattre * , Mafalda Roscio  3, *@  
1 : Inrap, UMR Artehis 6298
INRAP
Inrap 18 rue de la Chapelle 89510 PASSY -  France
2 : Université de Bourgogne, UMR Artehis 6298
Université de Bourgogne
3 : Eveha, Université de Bourgogne, UMR Artehis 6298
Eveha, Université de Bourgogne
* : Auteur correspondant

Les dotations funéraires retrouvées dans les sépultures du Bronze C2 au Hallstatt A1 (fin du Bronze moyen – début du Bronze final) des vallées de la Haute Seine et de l'Yonne sont particulièrement riches, déclinant des panoplies d'objets aussi opulentes que variées : on y dénombre toutes sortes de parures, d'attaches vestimentaires, d'outils et d'armes fabriqués en alliage cuivreux. Ces éléments, portés et utilisés par les vivants, les accompagnent tout ou partie dans la sépulture. Ces panoplies personnelles – prenant en compte les seuls objets conservés – renvoient à l'identité du défunt en terme de genre, d'âge, de statut social avec parfois, une suggestion de fonction au sein de son groupe d'appartenance.

La majorité des objets en bronze de cette période est issue des contextes funéraires, les habitats contemporains ne livrant que quelques rares objets métalliques « perdus » et les dépôts terrestres ou en milieu fluvial attestés restant plutôt rares. La question est, dès lors, tentante : est-il possible de caractériser la richesse des communautés de la fin de l'âge du Bronze à partir du seul poids des objets bronzes retrouvés dans les sépultures ? Quelle représentativité pour ces objets au sein de la production bronzière contemporaine et, de fait, quelles sont réellement la valeur économique du bronze et la valeur sociale des objets ?

Ces objets en bronze permettent, pour les tombes les plus dotées, une partition des individus obéissant à un schéma social assez classique : membres de l'élite pour les sépultures masculines et féminines les plus riches, et artisans pour les sépultures livrant une panoplie « individualisée » composée d'outils spécialisés.

Une interrogation intervient rapidement quant à la place, dans cette hiérarchie sociale restituée, de la majorité des individus, ici dotés d'une panoplie standardisée composée de parures (épingles et bracelets) ou dépourvus d'objets métalliques. Une autre question suit : quel a été le devenir des objets de bronze des vivants dont on ne connaît pas la sépulture ? Quelles places pour la transmission par héritage, pour le recyclage du matériau ?

À terme, comment déterminer / évaluer le poids de bronze indispensable pour vivre et affirmer son statut social au sein d'une communauté de la fin de l'âge du Bronze dont la restitution principale par ses défunts s'avère biaisée dès le choix du traitement des morts ?


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