Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

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Identifier différents niveaux de savoir-faire dans l'Acheuléen de Garba I (Ethiopie) : intérêt méthodologique, résultats et possible intervention des aînés
Sol Sanchez-Dehesa Galan * , Jacques Pelegrin  1@  
1 : UMR 7055 Laboratoire de Préhistoire et Technologie, CNRS  (Prétech)
Université Paris Ouest Nanterre La Défense
* : Auteur correspondant

La distinction de différents degrés de compétence dans la taille du silex a encore peu été appliquée aux périodes anciennes et encore moins au Paléolithique ancien africain. Pourtant, l'acquisition progressive d'un bon contrôle de la taille nécessitant de (très) nombreuses tentatives, nous pouvons assurément présumer que les essais de jeunes se mêlent aux produits des individus matures et viennent en « flouter » l'expression.

Une telle distinction, ainsi que celle de l'état technique d'abandon des pièces taillées, est d'un intérêt majeur pour une appréciation plus juste des intentions sous-jacentes à la taille, c'est-à-dire des éventuels modèles mentaux qui y président et des modalités mobilisées.

Le premier objectif de la thèse de Sol Sánchez-Dehesa Galán, dirigée par J. Pelegrin, a donc été de distinguer différents niveaux de savoir-faire et états techniques parmi les 800 pièces façonnées de l'Acheuléen de Garba I. Le principe est simple : les pièces les mieux taillées (sans ou avec peu d'accidents de taille) et manifestement achevées sont assurément les meilleures représentantes des intentions du façonnage.

L'étude de ces pièces, qui forment la moitié du corpus, a permis d'identifier :

1º la recherche de deux types d'outils : des pièces à tranchant transversal et des pièces à bout appointé, obtenues par trois modalités d'actions différentes : le façonnage, le débitage (dans le cas des hachereaux) et le procédé de coup de tranchet.

2º Les intentions étant ainsi précisément définies, il apparaît une forte standardisation de ces pièces façonnées qui accepte des variations au niveau dimensionnel, mais pas sur la silhouette générale des pièces.

3º La reproduction de ces différents outils sur des matières premières très variées, depuis l'obsidienne d'origine voisine, jusqu'à des roches volcaniques denses et plutôt tenaces, montre que les choix réalisés pendant la taille n'étaient pas contraints par le matériau.

4° Les pièces rapportables, selon leurs défauts et accidents, à des tailleurs immatures sont généralement à la fois les moins grandes et les moins régulières, jusqu'à de franchement petites et médiocres pièces qui sont probablement des tentatives de préadolescents.

Deux derniers points intéressent spécialement ce colloque, dans le sens où ils peuvent témoigner d'un véritable apprentissage, c'est-à-dire d'une intervention d'aînés compétents auprès d'immatures :

- la réussite du coup de tranchet transversal est tellement exigeante (préparation de la zone à impacter, orientation précise de la pièce dans les 3 dimensions), que l'on peut soupçonner que ce procédé ait pu faire l'objet de démonstrations et de « corrections » de gestuelle auprès d'adolescents déjà relativement expérimentés.

- surtout, quelques pièces miniatures, dont un mini-biface en obsidienne avec double coup de tranchet transversal, sont très bien taillées : elles évoquent à la fois des modèles à destination de jeunes apprentis, probablement réalisés sous leurs yeux en « démonstration », et des « jouets », en réduction de la panoplie des adultes, tels qu'on les connaît couramment dans l'ethnographie. 

 


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