Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par intervenant > Pieters Maxence

Métallurgie de transformation et outillage lithique : la part de l'invisible
Maxence Pieters  1, 2@  
1 : UMR 6298 Artehis  -  Site web
CNRS : UMR6298
2 : Centre ardennais de recherche archéologique  (CARA)  -  Site web
Centre ardennais de recherche archéologique
26 rue du Petit Bois 08000 Charleville-Mézières -  France

En métallurgie de transformation, l'outillage en pierre possède l'avantage de ses excellentes propriétés de conservation, par rapport à l'outillage ou aux fabricats métalliques, sensibles à la corrosion. Autre atout, la pierre est un matériau qui peut difficilement faire l'objet d'un recyclage au sens strict du terme : « la réintégration d'un déchet dans le cycle de production dont il est issu » (Naizet 2003), sauf élément suffisamment massif pour pouvoir être entièrement retaillé (dans notre domaine d'activité, uniquement certains supports de frappe). Au contraire, la réutilisation ou le remploi sont aisés, mais laissent généralement des traces de la fonction antérieure de l'objet. Les conditions sont donc théoriquement optimales pour nous permettre de documenter cet outillage, en contexte primaire ou secondaire

Des sites comme Bibracte ou Autun, qui ont livré des corpus numériquement élevés, montrent l'importance de l'outillage lithique en contexte de transformation des métaux. Elle s'explique, par l'emploi d'outils à faible durée de vie, que l'on peut qualifier de consommables (les abrasifs notamment), et l'absence de solution technique alternative pour certains outils en pierre (supports de frappe lourds, outils d'aiguisage).

Pourtant, on observe fréquemment une faible présence, voire une absence d'outils lithiques dans les corpus provenant des sites de transformation. Si les contraintes archéologiques (limites d'emprise) et la gestion des déchets expliquent en partie ce phénomène, l'expérience montre que ces outils demeurent pour une part invisible aux yeux des archéologues. Se pose alors la question de ce qui nous est connu et de ce qui nous est inconnu, qui a existé et que nous sommes incapables de voir. Quelle est la part de l'invisible dans la documentation archéologique ?

La réponse à cette question, qui n'est pas propre à l'outillage lithique, réside dans la documentation indirecte que nous offre le mobilier archéologique. Les indices de mise en forme, couplés à la reconstitution des chaînes opératoires permettent de mettre en évidence, au moins partiellement, cette part de l'invisible.


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