Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par intervenant > Rolland Joëlle

Invisibles ateliers : nouvelles recherches et méthodes pour identifier les lieux de production des parures en verre du second âge du Fer.
Joëlle Rolland  1, *@  
1 : UMR 5140 Archéologie des Sociétés Méditerranéennes  (ASM)  -  Site web
Université Paul-Valéry - Montpellier 3, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR5140
Site de Saint Charles, Rue du Pr. Henri Serre, 34000 MONTPELLIER Cedex -  France
* : Auteur correspondant

Entre le cinquième et le troisième siècle av. J.-C., les premiers indices de productions de parure en verre en Europe laténienne apparaissent. À partir du troisième siècle, l'explosion quantitative des bracelets en verre ne laisse plus place au doute : des ateliers de verriers typiquement celtiques se sont organisés en Europe. Ils produisent des objets de parures destinés à la distinction sociale des individus à partir d'une matière première exotique : du verre brut importé d'Égypte et du Proche-Orient. Les bracelets en verre sont les principaux témoins de l'émergence de ce nouvel artisanat laténien : ils constituent une innovation technologique discrète qui signe le développement d'un savoir-faire verrier unique et typiquement celtique. En effet, ni les Grecs, ni les Egyptiens, ni les Romains n'ont fabriqué de tels objets et de façon remarquable, la technique de production de ces bracelets ne s'est pas transmise hors des frontières de cette Europe laténienne. Pourtant, si depuis les travaux de Joseph Déchelette ces objets font partie des marqueurs culturels des sociétés laténiennes, aucun atelier de verrier celtique n'a jamais été découvert et fouillé comme tel.

L'objectif de cette communication est de revenir sur les indices de production découverts en Europe (déchets, verre brut), et de présenter les apports récents de l'expérimentation dans cette recherche des invisibles ateliers de verriers celtiques. Depuis 2009, un travail d'expérimentation des techniques de fabrication des bracelets en verre est mené en association avec des artisans verriers contemporains. Dans un va-et-vient entre objets issus de l'expérimentation et objets archéologiques, c'est un nouveau regard technique sur la production des artisans verriers celtes et son évolution qui s'est progressivement construit, et permet d'accéder aujourd'hui à toute la complexité du sous-système technique de cet artisanat. En redécouvrant les gestes et les savoir-faire des artisans verriers du second âge du fer, ce travail d'expérimentation permet une nouvelle lecture technique de l'évolution des productions et de leur économie, mais il a également permis de proposer une nouvelle grille d'identification des vestiges mobiliers liés au travail du verre à l'âge du Fer. Pour la première fois, nous possédons des clefs pour reconnaître les outils, les déchets et les structures archéologiques associés à l'artisanat du verre du second âge du Fer. Les déchets découverts peuvent désormais être rattachés à des étapes de la chaîne opératoire et le travail initié sur les structures de chauffe permet également de penser les fours des verriers celtiques et les vestiges qu'ils ont pu laisser. Enfin, les communautés de pratiques peuvent désormais être approchées à travers la répartition spatiale des savoir-faire qui s'illustre derrière les objets, nous laissant approcher la circulation des savoir-faire verriers au sein de l'Europe Celtique.


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