Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par intervenant > Leroyer Mathieu

Invisibilité de l'apprentissage technique dans l'Acheuléen Nord-Européen ? Réflexions sur l'intrication des biais contextuels et méthodologiques à partir de l'étude croisée de trois sites
Mathieu Leroyer  1, 2@  
1 : Archéologies et Sciences de lÁntiquité  (ArScAn)  -  Site web
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7041, Ministère de la Culture et de la Communication : UMR7041, Université Paris Nanterre : UMR7041, Université Panthéon-Sorbonne : UMR7041, UMR7041 -Equipe Ethnologie préhistorique
Maison René Ginouvès Boîte 3 21, allée de lúniversité 92023 NANTERRE CEDEX -  France
2 : Service Archéologique Interdépartementale Yvelines/Hauts-de-Seine  (SAI 78/92)
conseil départemental des Yvelines
2 avenue de Lunca, 78180, Montigny-le-Bretonneux. -  France

La détection des indices d'apprentissage dans les productions techniques du Paléolithique fait l'objet d'un regain certain d'intérêt, manifesté par divers articles méthodologiques, une table ronde et des travaux universitaires. Les industries du Paléolithique ancien et moyen ne sont pas exclues de ces avancées.

Pour autant, il n'est pas certain que cet engouement dépasse le cadre d'un phénomène de mode épisodique et que ce paramètre soit systématiquement intégré aux études technologiques sur ces périodes. L'établissement de « stratifications des savoir-faire » et de processus d'apprentissage reproductibles d'un assemblage à l'autre, leurs comparaisons sur le temps long et leur mise à contribution répétées dans des analyses spatiales intra-site ou inter-sites, semblent demeurer des perspectives lointaines. Il convient de mesurer les difficultés objectives, d'ordres contextuelles (lithologiques, taphonomiques, quantitatives), qui freinent la diffusion de cette problématique, pour y apporter d'éventuelles réponses.

C'est ce que propose notre communication. Elle prend comme cadre l'étude des productions bifaciales acheuléennes de trois sites : Boxgrove ; Saint-Illiers-la-Ville et Saint-Pierre-lès-Elbeufs. Ceux-ci sont marqués par une forte hétérogénéité des ressources documentaires ainsi que des contextes techniques et sédimentaires. Ils fournissent par-là même des difficultés et potentialités inégales sur cet objet de recherche.

L'étude de Boxgrove offre la démonstration la plus riche et solide de l'impact de l'apprentissage sur les assemblages lithiques. La discrimination de ses indices ayant déjà fait article préliminaire, cette communication explorera plus avant la reconstitution des processus d'apprentissage, leur insertion spatiale et les conditions sociales de transmission. Ce type de site exceptionnel, tout en offrant un cadre référentiel idéal, ne peut prétendre seul à offrir une vision représentative de l'apprentissage au Paléolithique ancien. À cet égard, ce paramètre a été pris en compte dans l'étude des assemblages moins propices de Saint-Illiers-la-Ville et Saint-Pierre-lès-Elbeufs. Il ressort de ces comparaisons que si les biais contextuels jouent un rôle très contraignant dans la détection des variations de savoir-faire et indices d'apprentissage, ils ne sont pas, à eux seuls, rédhibitoires à cette détection. Le choix, éventuellement influencé par ces biais, de grilles méthodologiques refermées sur des problématiques techno-économiques et fonctionnelles, doit en revanche être questionné.


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