Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par intervenant > Fassoulas Argyris

L'organisation de la production des figurines néolithiques de la Thessalie
Argyris Fassoulas  1@  
1 : Université Aristote de Thessalonique  -  Site web

Bien que les figurines néolithiques constituent un des sujets les plus débattus de la recherche préhistorique, le processus dynamique de leur fabrication demeure un aspect tenacement négligé. Considérées tantôt comme des œuvres artistiques, tantôt comme des objets idéologiques, les figurines semblent dépourvues de toute dimension technique. Or, s'intéresser à la dimension technique des représentations miniaturisées, abordant la question épineuse de leur production, implique une nouvelle lecture de leurs attributs morphostylis­tiques. Ainsi, la forme consti­tue le résultat matériel d'un processus technique précis, qui est également un processus intrinsè­quement social. Voir la forme des figurines comme la manifestation d'une série des choix techniques - c'est-à-dire, des choix aussi culturels - nous permet de reconstituer les activités humaines à travers lesquelles elles ont été créées.

À condition de considérer les transformations de la matière en objets concrets d'un point de vue anthropologique, l'analyse technologique de figurines néolithiques de la Thessalie permet de jeter un regard pénétrant sur les actes socialisés et les gestes de leurs fabricants. Elle permet aussi d'observer par le moyen des attributs techniques, des gens en train de faire des choses ou même de repenser les connotations imaginaires du déroulement de ces procédés. Décrire de manière précise les opérations à travers lesquelles les fabricants donnent corps et substance aux représentations miniaturisées, c'est aborder le sujet pensant et agissant.

Notre communication vise à présenter les caractéristiques principales de la production idoloplastique thessalienne lors du Néolithique (6700/6500-3500 BC) en reconstituant les différents modes de création empruntés à travers une approche analytique plurielle (macroscopique, radiographique, expérimentale). En essayant de dévoiler les intentions des fabricants on vise à aborder des tendances, des préfé­rences, des rejets ou des refus. Les manifestations matérielles d'évolution de ces tendances, les traces lisibles des changements et des variations tant synchroniques que diachroniques - voilà le canevas sur lequel nos interrogations se déploieront.

La description anatomique de l'activité ido­loplastique débouche, finalement, sur l'investigation de son enracinement social, à la recherche de ses implications culturelles multiples. La question de l'organisation de la production des représentations miniaturisées est celle des identités des fabricants, de leur sexe, de leur âge et des espaces qu'ils choisissaient afin de fabriquer leurs figurines. La question de variabilité au sein de cette production est celle des traditions ou des statuts différents, des idiosyncrasies individuelles ou de l'apprentissage en tant que pratique sociale. Et c'est justement sur cette pratique éducative qu'on voudrait attirer l'attention, la considérant éventuellement comme partie intégrante de la fonction globale des représentations miniaturisées.


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