Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Session F - Accueil des participants et introduction
Anne Augereau  1, *@  , Sophie Archambault De Beaune  2@  , Caroline Trémeaud  3, *@  
1 : Institut National de Recherches Archeologiques Preventives  (INRAP)  -  Site web
Institut national de recherches archéologiques préventives
Centre archéologique de Marne-la-Vallée Espace Multiservices, lot 33-34 ; 56, boulevard de Courcerin 77183 CROISSY-BEAUBOURG -  France
2 : Université de Lyon 3
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
3 : UMR Trajectoires
CNRS : UMR8215, UMR8215 – Trajectoires
* : Auteur correspondant

Session F - Où sont les femmes ? Archéologie du genre dans la Préhistoire et la Protohistoire : la France à l'écart des gender studies ?

L'émergence des mouvements féministes dans les années 1960-1970 a provoqué une prise de conscience de l'invisibilité des femmes dans de nombreux domaines. L'archéologie n'est pas restée inactive et, dès les années 1980, des travaux émergent dans les pays anglo-saxons et nordiques[1], pour redonner une place aux femmes dans les recherches archéologiques.

En France, le terme même de genre a peiné à s'imposer dans les sciences humaines jusque dans les années 1990, même si les problématiques de ce champ de recherche ont été traitées et discutées auparavant. Qu'en est-il en archéologie ? Si presque tous les pays d'Europe ont développé ce domaine, celui-ci reste encore peu présent dans l'archéologie française, en tout cas pour les périodes pré- et protohistoriques[2].

Parmi les chercheurs, ce sont d'abord des femmes qui se sont intéressées à cette question, dans un double objectif : faire l'archéologie de la seconde moitié de l'humanité et documenter les organisations sociales. En effet, nombre d'anthropologues, de sociologues, de philosophes et d'historiens ont entrepris d'évaluer ce que l'architecture et le fonctionnement des sociétés humaines doivent à la différenciation des sexes ; ce qui a conduit à porter un regard nouveau sur les systèmes de pensée, la fondation des mythes et des religions, la structuration du langage, les choix culturels ou idéologiques, et l'organisation des rapports de production. Étudier le genre, c'est étudier la société dans sa globalité.

Toutefois, tous ces niveaux d'analyse ne sont pas accessibles pour toutes les périodes. Le genre s'exprime par exemple dans les vêtements, les postures, les activités, la spécialisation des espaces domestiques, funéraires ou autres... N'ayant guère d'existence que matérielle pour les archéologues, il est tout à fait envisageable d'explorer ce champ pour les périodes préhistoriques et protohistoriques à partir de ces différents éléments. 

À travers le prisme des femmes, l'enjeu de cette journée sera double : réaliser un état des lieux des études de genre dans la Préhistoire et la Protohistoire en France et à l'étranger et mettre en évidence ce qu'il est possible de percevoir des rapports de genre du Paléolithique jusqu'au premier Âge du Fer.

Cette session sera aussi l'occasion de questionner la place du genre dans la recherche française en archéologie pré- et protohistorique au regard de celle acquise dans ces disciplines à l'étranger.

 

La question de la division du travail, celles de l'identité sociale et de la représentation des genres, de l'acquisition et la construction du genre, ou encore celle des pouvoirs et des inégalités, pourront, dans ce cadre, être abordées.

Plus précisément, des communications pourront être proposées selon deux principaux axes, non exclusifs. Un axe méthodologique visera à explorer les manières dont le genre est approché et théorisé en archéologie, dans les pays pionniers en la matière, notamment les États-Unis, l'Europe du Nord, la Grande Bretagne, l'Espagne, etc. mais également en France où les études de genre sont récentes. Parmi les questions qui pourront être posées, nous proposons : quels sont les fondements théoriques de l'archéologie du genre ? Dans quels contextes peut-il être perçu et comment ? Le genre nécessite-t-il une approche obligatoirement pluridisciplinaire ? Le genre est-il réellement le grand absent de l'archéologie française ?

Un autre axe privilégiera les résultats d'ores et déjà acquis ou en cours d'acquisition. Il s'agira de dresser un état des lieux de l'archéologie du genre et des femmes dans la Préhistoire et la Protohistoire en France et à l'étranger. On mettra l'accent sur les résultats qui permettent d'évaluer la situation des femmes par rapport à celle des hommes en matière d'alimentation, d'origines, de rôles sociaux, d'activités, de santé, de traitements funéraires, etc.


[1] On peut citer les travaux de F. Dahlberg, Woman the Gatherer (Dahlberg F. 1981 ‒ Woman the gatherer, New Haven,Yale University Press, 1983), en réponse au symposium Man the Hunter tenu en 1966 (Lee R. B. and DeVore I., dir., 1968 ‒ Man the Hunter, Chicago: Aldine Publ. Co.) ou le séminaire en Norvège en 1979 (Where They All Men? An Examination of Sex Roles in Prehistoric Society, publié en 1987) (Bertelsen R., Lillehammer A., Naess J.R., 1987, Where They All Men? An Examination of Sex Roles in Prehistoric Society, Stavenger, Arkeologisk Museum i Stavanger, Acts from a workshop held in UtsteinKloster Rogaland, 2-4 November 1976, 1987).

[2] R. Whitehouse, 2006, « Gender archaeology has yet to make any impression in either France [...] » (Whitehouse R., Gender Archaeology in Europe, in Nelson S.M., dir., 2006, Handbook of Gender in Archaeology, Lanham, AltaMira Press, 2006, p. 735).ou plus récemment A. Coudart : « Une archéologie du genre ne s'est toujours pas véritablement développée en France » (Coudart A., 2015, Longtemps durant... le Genre ne fut pas un genre français sinon qu'il était du genre masculin... E pur si muove, Les Nouvelles de l'Archéologie, 140, 2015, p. 9-15).


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