Dans le Magdalénien du Sud-Ouest français, la forte densité des sites et le degré de résolution des dates radiocarbone par AMS offrent la possibilité d'identifier des lacunes archéologiques à une échelle géographique et chronologique assez fine pour la période paléolithique. Il y a quelques années, un projet portant sur l'ouest du bassin Aquitain – le projet ANR Magdatis – avait ainsi montré une chronologie contrastée de part et d'autre du sable des Landes : dans les Pyrénées-Atlantiques et le sud des Landes, une continuité de peuplement pendant tout le Magdalénien ; dans le nord de la Gironde, une lacune de deux millénaires correspondant au Magdalénien moyen récent et au début du Magdalénien supérieur, entre environ 17.5 et 15.5 cal ka BP (1). Il avait été possible de montrer que la situation girondine n'était pas due à un biais d'échantillonnage ni de conservation des sites, et qu'elle correspondait donc vraisemblablement à une lacune de peuplement, sans doute à mettre en lien avec les phases les plus froides de l'événement d'Heinrich 1 (2). Ces deux zones sont séparées par le sable des Landes et la vallée de la Garonne, dont les conditions environnementales ont été répulsives pour les populations humaines pendant l'essentiel du Paléolithique récent (3, 4).
Dans le reste du bassin aquitain, les données disponibles montrent que le Magdalénien du piémont pyrénéen (des Hautes-Pyrénées à l'Ariège) suit la chronologie mise en évidence dans les Pyrénées-Atlantiques (e.g., 5, 6), tandis que dans le nord du bassin (Vienne, Charente), la même situation qu'en Gironde semble se présenter (7). Le tableau reste en revanche à préciser pour la partie centrale du bassin – Dordogne, Lot, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne – où les programmes de réévaluation des séquences et de datation directe d'objets ciblés ont été moins nombreux jusqu'à récemment (8).
Dans cette communication, nous souhaitons poser la question de l'extension géographique et chronologique de cette discontinuité du peuplement magdalénien à l'échelle de l'ensemble du bassin, jusqu'aux contreforts du Massif Central. Nous ferons pour cela le bilan des données d'attribution chronoculturelle et de datation absolue actuellement disponibles, avec une attention particulière pour les séquences récemment réévaluées et les dates radiocarbone par AMS, en mettant en regard le peuplement humain et le peuplement animal tel qu'il est documenté par les séquences naturelles. Cette communication a également pour but d'identifier les zones, sites, périodes, sur lesquels un effort de recherche devra porter dans les années à venir.
Références
(1) http://doi.org/10.1016/j.quaint.2015.12.073
(2) http://doi.org/10.1016/j.quaint.2015.08.073
(3) http://doi.org/10.1016/j.jas.2013.01.012
(4) http://doi.org/10.1016/j.jhevol.2011.05.009
(5) http://doi.org/10.2458/azu_js_rc.55.16346
(6) http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00544322
(7) http://www.culture.gouv.fr/content/download/134012/file/BSR%202013%20Interdep.pdf
(8) http://www.prehistoire.org/offres/file_inline_src/515/515_P_44621_5b44739857a11_14.pdf