Le site de plein air des Bossats à Ormesson (Seine-et-Marne, France) se caractérise par la présence au même endroit d'une succession d'occupations allant du Paléolithique moyen à l'âge du Fer, mais ponctuée de divers hiatus. Il donne accès à une longue séquence sédimentaire qui couvre une très grande partie de la dernière glaciation du Weichsélien. Une topographie particulière, une sédimentation importante et des processus érosifs forts mais spatialement limités ont permis, dans ce secteur du vallon d'Ormesson, la conservation de nombreux témoignages de la présence de l'Homme au moins depuis le début du pléniglaciaire weichsélien.
La liste est longue de ces occupations pour un site de plein air, qui plus est du Bassin parisien : des vestiges en place ou remaniés d'occupations moustériennes antérieures à 70 ka cal. b2K, un niveau moustérien à débitage discoïde couvrant une surface de 800 mètres carrés daté de 44 ka cal. b2K, un ensemble châtelperronien réparti sur près de 300 mètres carrés et dont les datations moyennes sont de 42 ka cal. b2K, un niveau d'occupation non attribué en termes culturels et daté de 32,5 ka cal. b2K, un locus gravettien daté de 31 ka cal. b2K et un véritable campement solutréen réunissant 7 structures aux datations très cohérentes autour de 23,5 ka cal. b2K. Dans cette succession de chrono-cultures, une absence remarquable est celle de l'Aurignacien, alors même que le Bassin parisien a livré depuis des décennies de forts témoignages de sa présence. Mais à Ormesson, d'autres absences doivent également être expliquées, de même que la présence de niveaux paléolithiques particulièrement mal représentés dans le Bassin parisien.
À Ormesson, l'histoire taphonomique du vallon et de ses pentes est un critère essentiel à prendre en compte dans la réflexion sur les raisons des présences et des absences. L'étude géoarchéologique de chaque occupation et la compréhension de la séquence morphosédimentaire, qui s'appuient désormais sur une centaine de fenêtres d'observation, apportent de solides réponses aux causes probables de certains hiatus chonoculturels et à l'inverse à l'existence d'ensembles archéologiques du Pleistocène mal documentés pour tout le nord de la France.