Les données paléolithiques issues des opérations d'archéologie préventive se sont longtemps cantonnées, en France, à deux régions phares, les Hauts-de-France et la Nouvelle Aquitaine. Sur les autres territoires de la métropole, les interprétations sont allées de bon train : zones refuges vs no man's land ? territoire traversé et faiblement habité ? D'autres hypothèses, s'appuyant sur des facteurs naturels défavorables à la conservation des sites ou au contraire à l'origine de leur trop grand enfouissement, ont également été avancées.
Cependant, un rapide regard sur l'histoire des recherches régionales montrait a contrario des données riches et variées. Face à ce constat, des efforts ont été engagés en Île-de-France par les acteurs de diverses institutions (SRA, Inrap, Collectivités, CNRS, bénévoles) depuis plus de 10 ans pour comprendre l'origine de cet écart et, dans la mesure du possible, y remédier. Le résultat est sans appel. De nombreux indices ont été découverts et près d'une dizaine d'occupations paléolithiques ont été fouillées.
La démarche engagée pour réduire cet écart, et ainsi pallier les lacunes, est présentée. Elle fait le point sur les principales difficultés rencontrées (législatives, structurelles et économiques), et des solutions méthodologiques et organisationnelles envisagées. Par la suite, un bilan critique est fait sur les avancées, réussites et obstacles restant encore à surmonter afin d'interpréter avec une plus grande objectivité la nature des « vides » archéologiques. Le tableau dressé pointe donc les nombreuses avancées régionales en termes de connaissances archéologiques des occupations avant le Dernier Maximum Glaciaire, mais aussi les sujets, nombreux, qui restent à approfondir afin d'orienter les futures recherches. Cette démarche vise aussi à dégager des savoirs communs, voire une approche partagée, permettant une application nationale pertinente et réussie des méthodes de détection des sites paléolithiques. Sans généralisation de pratiques appropriées à ce niveau, de nombreuses questions démographiques à l'échelle nationale et continentale resteront sans réponse.