Défini en 1935 par D. Peyrony d'après ses fouilles à Laugerie-Haute (couche F), le Gravettien final de faciès "Protomagdalénien" est un techno-système du Paléolithique supérieur que les dates radiocarbone situent entre 26 et 25 ka cal BP dans le sud-ouest de la France. Cette industrie lithique très particulière se retrouve dans cinq sites : en Auvergne (Le Blot, couches 22 à 34 ; le Rond-de-Saint-Arcons, couche supérieure), en Périgord (Laugerie-Haute Est, couches 36 à 38 ; abri Pataud couche 2) et en Quercy (Les Peyrugues ; couche 18). Aucun autre ensemble archéologique ne semble pouvoir lui être attribué mais, au-delà de ce simple constat, les relations spatio-temporelles entre ensembles aquitains et auvergnats restent inconnues.
Toutefois, l'étude de l'origine des matières premières lithiques permet de percevoir des liens entre espaces parfois distants de plusieurs centaines de kilomètres, et notre méthode, fondée sur les résultats d'analyses pétroarchéologiques fines et d'outils de SIG, nous a précisément permis de modéliser des "réseaux de lieux" de la préhistoire : l'analyse de leur structure permet d'appréhender à différentes échelles spatiales, temporelles et épistémologiques le statut des espaces aux temps préhistoriques.
La perception des vides en préhistoire semble ainsi dépendre du régime de réalité qui préside à l'analyse : réalité de "terrain" (lacune d'enregistrement et/ou de prospection) souvent biaisée (procédure d'échantillonnage), valeur intrinsèque des ensembles considérés (biais d'inhérence) éminemment subjective car reflet des connaissances et des pratiques (biais méthodologiques), méconnaissance enfin de la structuration spatiale réelle des collectifs préhistoriques alors même que l'existence du vide est un principe primordial de l'organisation de l'espace nomade. L'appréciation du vide par la démarche archéologique vient donc questionner la pertinence des représentations spatio-temporelles préhistoriques, d'autant que nos pratiques individuelles sont encore par trop dépendantes d'un savoir cumulatif (pour ne pas dire holistique) qui en limite grandement la portée.