Sylvie BOULUD-GAZO[1], Christophe MAITAY[2]
En 2016, une grande structure de combustion datée de l'âge du Bronze final a été mise au jour à Auzay, les Ouches (Vendée). Cet aménagement totalement inédit dans le Centre-Ouest mesure plus de 10 m de longueur et 2,5 à 4 m de largeur. Il est constitué de deux parties distinctes : une chambre de chauffe au nord et une vaste fosse ovalaire ayant probablement servi d'aire de travail et de cendrier au sud. La chambre de chauffe, en forme de fer à cheval, présente un mur d'entourage conservé sur plusieurs assises et deux couloirs d'alandier intégrés à l'avant de la structure. Des aménagements en terre crue (sole perforée, coupole ?) complétaient vraisemblablement ce dispositif à l'origine. La longue fosse de travail, placée à l'avant des alandiers, présente plusieurs aménagements permettant de restituer une superstructure protégeant le(s) opérateur(s) des coups de vent et des intempéries.
La position chronologique de cette structure est bien assurée par plusieurs datations par le radiocarbone, l'étude typologique d'un lot modeste, mais homogène de céramiques et de deux épingles en bronze issues du remplissage, et par une analyse archéomagnétique. Les dimensions totalement inhabituelles de la structure, d'une part, l'architecture particulièrement soignée et inédite de la chambre de chauffe avec alandiers intégrés dans sa partie avant, d'autre part, posent inévitablement question quant à la fonction de cette construction. Un ancrage suffisamment profond dans le substrat a permis la préservation de ses parties basses avec les éléments construits en blocs de pierre et le fond fortement rubéfié. Malheureusement, aucune autre structure du site n'a bénéficié de ces mêmes conditions de conservation et ce grand four apparaît donc totalement isolé et déconnecté de toute occupation synchrone, bien qu'implanté à proximité directe d'une aire funéraire de quelques générations plus ancienne.
S'il est évident que la structure d'Auzay a assurément servi à chauffer et/ou à cuire, les denrées ou objets qui y ont été enfournés restent pour le moment indéterminés et donc parfaitement hypothétiques. Il s'avère de ce fait nécessaire de rassembler les indices à notre disposition, de passer en revue et de critiquer, grâce à différentes comparaisons, les interprétations possibles. L'utilisation de la structure de combustion d'Auzay comme four de potier est-elle envisageable ? Nous proposons justement d'argumenter pour et contre cette possibilité, tout en examinant les autres éventualités.