La mise en évidence de l'exploitation des graisses animales (viande et lait) sur les sites du Néolithique ancien d'Europe occidentale a pu récemment progresser grâce à diverses approches archéozoologiques et moléculaires (Casanova et al. 2020). L'étude des âges d'abattage des bovins et petits ruminants domestiques selon des protocoles plus précis et déployés à grande échelle a conduit à préciser la gestion démographique des troupeaux et à déterminer plus finement les produits exploités. Sur plusieurs sites, comme à Bischoffsheim, la place plus importante des jeunes (veaux et agneaux) peut être interprétée en faveur d'une inflexion de la gestion des troupeaux compatible avec l'exploitation du lait sans pour autant revêtir un caractère spécialisé et sans que ne soient laissées de côté aucune des autres productions animales comme la viande par exemple. L'analyse des résidus lipidiques préservés dans les poteries archéologiques menées sur ces mêmes sites a par ailleurs pu mettre en évidence une disparité spatiale et temporelle de l'utilisation des produits laitiers et des graisses animales entre la Haute et la Basse Alsace. Alors que les groupes néolithiques de la culture rubanée de Haute Alsace utilisaient à la fois les produits primaires (viande et graisses) et secondaires (lait) des animaux domestiques, en Basse Alsace, le régime alimentaire tire plutôt parti des produits primaires. C'est uniquement durant le Néolithique moyen et la culture du Rössen qu'une intensification notable de l'usage des produits laitiers est visible en Basse Alsace.
Références
Casanova, Emmanuelle & Arbogast, Rose-Marie & Denaire, Anthony & Jeunesse, Christian & Lefranc, Philippe & Evershed, Richard. (2020). Spatial and temporal disparities in human subsistence in the Neolithic Rhineland gateway. Journal of Archaeological Science. 122. 105215. 10.1016/j.jas.2020.105215.