L'analyse en parallèle des cultures matérielles céramiques et lithiques de nombreux sites néolithiques du Plateau suisse permet de mettre en évidence des directions d'influences parallèles, mais aussi des discrépances occasionnelles entre les limites dessinées par les deux catégories de trouvailles archéologiques. En effet, les régions de provenances indiquées par les matières premières siliceuses ne correspondent pas toujours à celles indiquées par les techniques et styles céramiques. Pourtant, ces composants ont été appliqués sur des poteries dont la fabrication est locale d'après les argiles employées. Les réseaux de diffusion du silex et de la céramique ne suivent donc pas la même logique. Cette absence de correspondance interroge sur les éléments non physiques – et par là même invisibles – qui ont pu être échangés durant cette phase du Néolithique, bien qu'ils n'aient laissé aucune trace matérielle : savoirs-faire, techniques, représentations stylistiques, valeur attribuée aux objets. La datation dendrochronologique de la majorité des sites néolithiques pris en compte permet une analyse fine de ces phénomènes et de leur évolution entre 3900 et 3500 avant J.-C sur l'ensemble du Plateau suisse.
Cette recherche a été menée dans le cadre du projet 'Mobilities, entanglements and transformations in Neolithic societies on the Swiss Plateau (3900-3200 BC)' dans le cadre du Fonds National de la Recherche en Suisse (Hafner et al 2016 ; Heitz and Stapfer 2017). Une partie des résultats en a été présentée à l'occasion de l'EAA 2019 de Berne ; d'autres parties ont fait l'objet de deux thèses (Heitz 2018, Stapfer 2019).