Contrairement aux pratiques mortuaires du Néolithique final qui sont bien documentées en région PACA (hormis les zones montagneuses), le faible nombre de sites, de structures et d'individus datés du Néolithique ancien et moyen interroge. Les découvertes sont surtout le fruit de fouilles programmées et prospections anciennes. La plupart des restes humains est associée à des occupations domestiques. Toutefois, celles-ci ne livrent pas systématiquement de défunts.
Cette lacune documentaire comparée aux autres types d'occupation n'est pas liée à un déficit de prospection ou de fouilles des cavités naturelles. En revanche, certaines associations de mobilier et de restes humains sont peut-être erronées. Dans ce cas, des dépôts humains pourraient être plus anciens qu'escomptés. Quoi qu'il en soit, le compte n'y est pas, bien que, depuis quelques années, les prescriptions archéologiques se sont multipliées dans plusieurs départements augmentant la découverte de structures mortuaires en contexte de plein air.
Si les prescriptions archéologiques et le déficit de fouilles programmées, peuvent être, en partie, responsables de cette lacune, elles ne peuvent complètement l'expliquer. Les lieux de dépôt définitif des morts sont-ils si difficile à trouver ? Récemment, deux opérations archéologiques, Les Bagnoles en Vaucluse a livré des sépultures secondaires à crémation attribuées au Néolithique moyen. Un défunt peut n'être représenté que par une poignée d'esquilles brûlées. Sans le mobilier archéologique associé, il est probable que ces structures dont les limites étaient difficilement visibles, n'auraient pas été identifiées comme telles. Cette pratique liée à la crémation pourrait être une des raisons de l'extrême discrétion des morts.
La situation dans la région PACA n'est pas sans rappeler celle du sud de la région Rhône-Alpes et surtout du Languedoc, même si au Ve et IVe millénaire, les restes humains y sont un peu plus nombreux et les prescriptions de fouilles préventives plus abondantes. De plus, les pratiques mortuaires de ces deux aires géographiques semblent s'inscrire dans un système funéraire commun. Par conséquent, ne devrions-nous pas envisager des traitements des morts n'impliquant pas de sépultures ou des pratiques dont la manifestation sépulcrale ne peut se conserver à travers les âges ? Ces hypothèses sont rarement exploitées pour expliquer le manque de défunts. Pourtant, il devient nécessaire de les examiner en référençant, par d'autres sources, les pratiques funéraires qui n'induisent pas de sépultures ou qui n'en laissent pas de traces tangibles. Dans ces deux cas, ni le corps ni la sépulture ne sont un support de mémoire pérenne ce qui change considérablement la lecture du panorama mortuaire du Néolithique. De plus, toutes les structures livrant des ossements humains doivent être examinées avec circonspection avant d'être comptabilisées comme sépulture, sous peine d'introduire un biais sur ce que les morts nous apprennent des systèmes funéraires des populations néolithiques. C'est un exercice compliqué car ouvert à plus de spéculations. Mais si les morts sont si peu nombreux, ce n'est pas seulement parce que nous ne les avons pas encore trouvés ou que nous les avons mal cherchés. Une des causes de leur discrétion est peut-être liée aux pratiques mortuaires elles-mêmes.