Peut-on s'affranchir de l'influence occidentale et permettre l'écriture de nouveaux paradigmes pour la préhistoire ?
La question de l'homme moderne en Afrique a longtemps été éclipsée par la recherche des Australopithèques et des Paranthropes (effet chaînon manquant) privilégiée par les chercheurs occidentaux. La coexistence de plusieurs taxons humains n'est plus le seul apanage de l'Europe avec des Néandertaliens et des Modernes (cf Dénisoviens, Hommes de Flores, de Luzon en Asie; Homo naledien Afrique). Un regain d'intérêt s'effectue pour Homo sapiens en Afrique en même temps que les cultures matérielles y sont mieux définies, la chronologie en progrès. L'avènement de la "modernité" en Afrique 30 000 ans avant l'Europe devient un fait accepté. Cet exemple serait à transposer en Asie où de nouvelles humanités sont reconnues et où la présence de l'art y est tout aussi ancienne qu'en Europe. Qu'en est-il du phénomène Acheuléen entre Europe, Asie et Afrique ? Y-a-t-il eu une "Néolithisation" sur tous les continents ? Outre ces questions, il existe des champs tels que celui de la préhistoire ex-"soviétique" ou chinoise qui restent encore majoritairement ignorés faute de suffisamment de diffusion. Tout un univers existe également en préhistoire dans le monde malais mais reste souvent publié en bahasa en circuit fermé. L'Amérique propose également une préhistoire particulière, bloquée chronologiquement par une recherche effectuée au Nord du continent. Dans chacune de ces préhistoires extra-européennes, peut-on s'affranchir de l'influence occidentale et permettre l'écriture de nouveaux paradigmes ?
The question of modern man in Africa has long been overshadowed by the search for Australopithecines and Paranthropes (missing link effect) favored by Western researchers. The coexistence of several human taxa is no longer the sole prerogative of Europe with Neanderthals and Moderns (cf Denisovians, Men of Flores, Luzon's Man in Asia; Homo naledi in Africa). A revival of interest in Homo sapiens in Africa is taking place at the same time as material cultures are better defined there and chronology is progressing. The advent of "modernity" in Africa 30,000 years before Europe became an accepted fact. This example could be transposed to Asia where new humanities are recognized and where the presence of art is just as old as in Europe. What about the Acheulean phenomenon between Europe, Asia and Africa? Was there a "Neolithization" on all continents? In addition to these questions, there are fields such as that of ex-"Soviet" or Chinese prehistory which are still mostly ignored for lack of sufficient diffusion. A whole universe also exists in prehistory in the Malay world but is often published in Bahasa in a closed circuit. America also offers a particular prehistory, chronologically blocked by research carried out in the north of the continent. In each of these extra-European prehistories, can we free ourselves from Western influence and allow the writing of new paradigms?
As an introduction to the session, we propose here to illustrate by several examples how regional particularities were at first unknown, denied or neglected and, finally, described and understood in relation to Western prehistory taken as a universal guide. We thus propose to reverse the points of view, to become aware of the existing ones and to place European prehistory in its rightful place even if it is indeed in Europe that the discipline was born.
How can work on the peripheries of the world (...an inappropriate term because it is Eurocentric in nature...) improve our reading of the "great phenomena" of world prehistory?
A titre introductif de la session, nous proposons ici d'illustrer par plusieurs exemples comment les particularismes régionaux ont d'abord été inconnus, niés ou négligés et, finalement décrits et compris en regard de la préhistoire occidentale prise pour guide universel. Nous proposons ainsi de renverser les points de vue, de prendre conscience des existants et de placer la préhistoire européenne à sa juste place même si c'est effectivement en Europe que la discipline est née.
Comment un travail sur les périphéries du monde (terme impropre car par nature eurocentré) peut-il permettre d'améliorer notre lecture des "grands phénomènes" de la préhistoire mondiale?