Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Asie centrale : une autre préhistoire. Altérités et convergences.
Frédérique Brunet  1, *@  
1 : Archéologies et Sciences de lÁntiquité  (ArScAn)  -  Site web
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7041, Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, Université Paris Nanterre, Ministère de la Culture et de la Communication
MSH Mondes, Maison René-Ginouvès Archéologie & Ethnologie, 21 allée de l'Université, 92023 NANTERRE CEDEX -  France
* : Auteur correspondant

Un regard occidental sur l'Asie centrale renvoie actuellement aux cinq républiques asiatiques de l'ancienne Union soviétique (Kazakhstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Kirghizistan et Turkménistan). Cependant, celle-ci doit être étudiée sur une large échelle géographique, et sur le temps long. En effet, seuls ces paramètres permettent de rendre compte des phénomènes historiques et d'en étudier les dynamiques internes ; il est donc nécessaire d'étendre le champ d'étude à certaines régions limitrophes – la Sibérie méridionale, l'Altaï, la Mongolie, le Xinjiang (Chine), la Bactriane afghane et le Khorasan iranien – dans une perspective historique.

Explorée dès la fin des années 1930 par une archéologie soviétique qui a développé des méthodes d'investigation novatrices et adaptées au contexte aride du terrain, elle est également le lieu d'une collaboration internationale, initialement avec la France, avec les archéologues centrasiatiques. On reconnaît l'influence de l'école française de Préhistoire dans l'étude des périodes paléolithiques, avec notamment les emprunts de termes chrono-culturels (i.e. « Moustérien ») et de typologie lithique. Pour le Néolithique, la référence a d'abord été celle des recherches au Proche-Orient, le modèle agropastoral sédentaire devenant celui à suivre. Or, l'avancée des recherches montre l'existence de processus culturels et sociétaux spécifiques en Asie centrale, ainsi que de nouveaux modèles utiles à la réflexion en Préhistoire. 

Si le patrimoine archéologique de l'Asie centrale demeure méconnu en Occident, en raison notamment de difficultés d'accessibilité linguistique à la littérature scientifique, cette région a livré de très nombreux témoignages depuis la plus haute Préhistoire, qui tendent à reconsidérer les peuplements successifs de l'Eurasie et à renouveler la discussion sur l'émergence et le développement de certains phénomènes, tels que l'apparition des industries laminaires, la microlithisation, en relation avec la technique de taille par pression, la néolithisation, l'art rupestre monumental, mais également la spécialisation artisanale, l'urbanisation et l'irrigation. Cette région propose ainsi à la réflexion de nouveaux paradigmes sur la constitution d'une histoire originale, en lien avec les évolutions culturelles en Eurasie. En outre, dès le Paléolithique, les particularismes régionaux s'affirment et la diffusion de traits propres aux cultures d'Asie centrale vient à s'étendre, les réseaux de relations s'amplifient et s'allongent, intégrant cette région dans une sorte de première « mondialisation » à l'aube de l'âge du Bronze.


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