La fabrication des poteries, du Néolithique ancien à l'aube de l'âge du Fer. Atelier, potier, spécialiste, artisan : quelques questions introductives
Les gestes des potiers, leurs actions sur la matière au cours de la chaîne opératoire de production, sont de mieux en mieux documentés grâce aux études technologiques de la céramique. Toutefois, le contexte dans lequel ces actions prennent place, qu'il s'agisse du lieu en lui même, ou du cadre social ou économique, restent méconnus. Les preuves directes de la production manquent, face à la profusion des produits finis.
L'histoire de la recherche sur le sujet semble fonctionner à deux vitesses : d'un côté l'activité préventive a permis la multiplication des découvertes (sites et objets) ; de l'autre l'identification de vestiges liés à la production céramique reste très peu fréquente. Est-ce que cela résulte de critères de reconnaissance très pointus, fondés sur une documentation fournie sur le sujet ? Est-ce que le système du préventif incite à la description des découvertes sans prendre le risque ou le temps de les identifier ? Est-ce que les modèles de production, parfois appliqués sans distinction du Néolithique ancien à la fin de l'âge du Bronze, faussent notre perception des découvertes ? Et qu'en est-il des parallèles construits à travers la documentation ethnographique ? Quels sont les apports méthodologiques et les biais de ces transferts entre des contextes complètement déconnectés dans le temps et dans l'espace?
Une autre problématique corolaire concerne la terminologie : comment identifier, définir, interpréter le plus justement possible les découvertes ? A-t-on besoin de vestiges pour parler d'atelier ? Est-ce que tout potier est un spécialiste ? Un artisan ?