À la fin de la préhistoire on assiste, avec ce phénomène à large portée géographique qu'est le Campaniforme, au développement de plusieurs réseaux de circulation et d'échanges, non seulement d'objets, mais aussi d'idées ou de savoir-faire ; si le transfert de biens constitue une preuve tangible des contacts entre groupes humains implantés dans des régions distantes l'une de l'autre, une réelle compréhension de la nature et l'ampleur des influences culturelles demeure souvent plus compliquée à atteindre.
Les auteurs présentent ici les résultats issus des révisions et des nouvelles études sur les productions céramiques et lithiques campaniformes de sites d'habitat de l'aire florentine (Toscane, Italie). Dans la deuxième moitié du troisième millénaire avant notre ère, cette région de l'Italie centre-septentrionale montre l'existence de relations avec plusieurs régions italiennes et européennes (Europe occidentale et l'aire méditerranéenne d'un côté, Europe centre-orientale de l'autre), qui jouent un rôle déterminant dans la formation et l'évolution du Campaniforme de l'aire florentine.
Ce travail vise à apporter de nouveaux éléments sur les relations et les influences entre les groupes campaniformes toscanes et ceux de l'Europe méditerranéenne, en particulier du sud-est de la France. D'un point de vue des assemblages céramiques, des contacts entre ces régions sont évidents, et attestés soit par la céramique décorée (présentant certains décors et morphologies des vases étroitement liés à ceux de l'Europe occidentale et méditerranéenne) soit par la céramique commune. En revanche, en ce qui concerne les industries lithiques, les relations semblent être moins étroites : si certains éléments montrent des similitudes (notamment certains types d'outils, comme les segments de cercle ou les grattoirs à morphologie unguiforme), d'autres, d'ordre plus spécifiquement techno-économique, mettent en évidences des différences remarquables entre les productions lithiques de ces régions et semblent indiquer des influences de l'Italie nord-orientale, témoignant ainsi la complexité des réseaux de relations mis en place en Europe méditerranéenne dans la deuxième moitié du troisième millénaire avant notre ère.