Jusqu'il y a une dizaine d'années, le Paléolithique supérieur ancien, et en particulier la période du Gravettien, était très mal représenté dans le Nord de la France. Pourtant, cette région présente de nombreux avantages pour la conservation des gisements, avec notamment une couverture loessique calcaire épaisse de plusieurs mètres en moyenne pour la dernière période glaciaire (Weichselien). Malgré les nombreux sondages archéologiques effectués depuis les années 1980, la quasi-absence de sites a conduit à avancer l'hypothèse d'un abandon de cette zone septentrionale durant les phases les plus rigoureuses de la fin du Pléniglaciaire moyen et du Pléniglaciaire supérieur.
Cependant, depuis 2010, plusieurs gisements rapportés au Gravettien ont été découverts dans le cadre de l'archéologie préventive (Amiens-Renancourt 1 et 2, Havrincourt 2...). Ils sont inclus dans des séquences stratigraphiques épaisses et détaillées, bénéficiant d'un cadre chronologique précis (luminescence et radiocarbone). Grâce à une approche pluridisciplinaire à haute résolution, l'étude de ces gisements a largement renouvelé la vision de cette période et a permis d'écarter les éventuels biais liés à l'enregistrement sédimentaire (hiatus résultant de phases d'érosion...) ou à la méthodologie employée pour la détection de gisements. Ces nouvelles approches offrent enfin la possibilité de discuter sur des bases solides de la relation entre les occupations humaines et les fluctuations climatiques rapides de type stade-interstade au cours du Pléniglaciaire weichselien (DO cycles).