Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Lacunes méthodologiques dans l'étude des sites funéraires, pour une archéothanatologie en Asie du Sud-Est
Baptiste Pradier  1, *@  , Frédérique Valentin  2, *@  
1 : Préhistoire et Technologie  (PréTech)  -  Site web
Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7055, Université Paris Nanterre : UMR7055
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2 : Archéologies et Sciences de lÁntiquité  (ArScAn)  -  Site web
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* : Auteur correspondant

Les cimetières sont des sites majeurs de l'archéologie protohistorique d'Asie du Sud-Est. Ils sont aujourd'hui encore utilisés pour reconstruire la séquence chrono-culturelle de la région. Pourtant leurs études présentent toutes la même insuffisance méthodologique à savoir un défaut de prise en compte de la nature funéraire de l'ensemble étudié, une insuffisance qui a été dénoncée il y a de cela maintenant plus de 30 ans par Duday et al (Duday et al 1990) pour les sites européens en particulier.

La fouille fondatrice du site de Ban Chiang (Thaïlande) entre 1974 et 1975 a « cimentée » une approche encore suivie par la plupart des fouilles de la région. Elle comprend une fouille du cimetière conduite par des ouvriers et des chercheurs locaux et supervisée par des archéologues étrangers ou locaux formés dans des universités occidentales, suivi d'une étude archéo-anthropologique en laboratoire. Cette dernière est généralement menée sans la collaboration directe entre archéologues et spécialistes d'anthropologie biologique qui est pourtant cruciale lors des interprétations finales sur la nature du site et son placement dans la séquence chrono-culturelle.

L'« école française » d'archéologie funéraire, quoiqu'en partie connue par les spécialistes d'Asie du Sud-Est suite aux travaux de Jean Pierre Pautreau et Patricia Mornais sur la nécropole de Ban Wang Hai, n'a pas connu un développement suffisant pour que ses principes et méthodes deviennent partie prenante de l'étude des cimetières de la région. Ainsi, les études anthropologiques, même les plus récentes, s'intéressent aux nécropoles non pas comme des « objets archéologiques » mais comme des « réservoirs de collections ostéologiques », préalablement datés et phasés. Ce qui entraine de nombreux problèmes, trés largement éludés, liés à la nature même des sites. Un cimetière est un lieu où ont été placés des individus choisis par une communauté. Il présente dès lors une vision altérée de la population alors qu'une étude des gestes et recrutement funéraires (Masset 1987) permet d'appréhender, en partie au moins, la réalité et la portée de ses choix. Or, souvent, ainsi que l'indiquent plusieurs exemples, l'étude funéraire, démographique et ostéologique se borne généralement à considérer la population du cimetière comme le reflet de la population vivante.

Cette occultation du funéraire en tant que caractère essentiel des sites se fait au détriment de la définition des cultures archéologiques de l'Asie du Sud-est. Celle-ci continue souvent à suivre les définitions stratigraphiques des archéologues dont les trois Âges définis par l'archéologie européenne sont la référence.


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