Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)
Donner un sens aux vestiges architecturaux : étude ethnoarchéologique de l'architecture vernaculaire au Sénégal oriental
Thomas Pelmoine  1@  
1 : Laboratoire Archéologie et Peuplement de l'Afrique, unité d'anthropologie, Université de Genève  (APA)  -  Site web
Université de Genève, Unité d'anthropologie, quai Ernest-Ansermet 30, 1205 Genève -  Suisse

L'architecture est présentée par les anthropologues culturels comme un des éléments de la culture matérielle qui évolue le plus doucement. Les choix des formes, des matériaux et des techniques de construction répondent à des contraintes qui sont d'ordre environnemental, culturel ou socio-économique. Cependant, les études précisant les modalités de ces choix techniques sont rares. Notre étude portant sur l'architecture vernaculaire actuelle au Sénégal oriental et son évolution au cours des trois derniers siècles a pour objectif de créer un référentiel architectural actualiste afin d'aider les archéologues à interpréter les structures archéologiques anciennes (Pelmoine et Mayor 2020).

Notre présentation s'appuiera sur un corpus de donnée récoltées au Sénégal au cours de dix mois de terrain et prenant en compte 33 villages, 59 concessions, 355 habitations, 55 cuisines, 125 greniers et 1178 structures (Pelmoine 2020). Notre méthodologie est basée sur une description des chaînes opératoires des constructions des murs et des toits, sur le relevé de plans de concessions, sur des entretiens de recherche, sur des analyses cartographiques et statistiques.

Les résultats obtenus montrent que différentes contraintes sont à l'œuvre selon les éléments architecturaux considérés. Par exemple, les types de couverture des toits d'habitation sont des éléments techniques éminemment culturels, au moyen desquels les sociétés du Sénégal oriental s'identifient, au contraire des techniques de maintien des couvertures, qui répondent plus à des problématiques environnementales liées à l'intensité des vents et des pluies. Quant aux techniques de construction des murs, elles ont fait l'objet de plusieurs emprunts d'un groupe culturel à l'autre au fil de l'histoire, avant d'être supplantées en de nombreux endroits par la brique de terre crue moulée, symbole de modernité.

Nous discuterons dans cette conférence des différents éléments de préparation, de construction et d'entretien utilisés dans l'architecture au Sénégal oriental, souvent invisible pour l'archéologue, et des indices que ceux-ci donnent sur les groupes culturels, sur leur environnement proche et sur leurs activités socio-économiques.


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