Dans la vallée du Nil et plus précisément en Nubie, l'artisanat de la céramique se distingue dès le Néolithique par l'investissement dans les décors, le traitement de la surface et la variété des formes. C'est notamment dans le royaume de Kerma que cet artisanat atteint une qualité rarement égalée avec le développement d'une céramique fine, rouge à bord noir, polie et souvent munie de décors d'une diversité étonnante. Les travaux menés depuis des décennies par la mission archéologique suisse à Kerma ont permis de dégager sur plus de 20 hectares la capitale du royaume, située au sud de la 3e cataracte, et de mener des recherches dans différents secteurs de la nécropole royale qui lui est associée. Cette approche croisée a permis de montrer que la céramique fine la plus élaborée de la phase ancienne du royaume (2500-2050 av. n.-è.) était exclusivement réservée à un usage funéraire et était absente de l'habitat. Si la découverte de fours dans la ville et de tombes de potières dans la nécropole fournissent des précisions quant à la chaîne opératoire, c'est la diversité des décors et la contextualisation de ces céramiques fines qui permettent de proposer des hypothèses quant à leur fonction sociale.