Chassés, consommés, utilisés, représentés, les animaux tenaient une place centrale pour les sociétés du Paléolithique supérieur européen. Il y a environ 40 000 ans, un besoin de représentation se manifeste au travers d'exceptionnels corpus graphiques sur les objets et dans les grottes. Si le bestiaire animalier, prépondérant, semble peu varié, les nuances sont réelles entre sites ou territoires. Ces thèmes sont-ils ou non en lien avec les restes animaux consommés ou utilisés dans les sites d'habitats par les mêmes sociétés ? Comment les changements environnementaux ont-ils impactés les faunes consommées vs représentées ? Comment et pourquoi l'Homme s'est parfois affranchi de ces ‘contraintes' dépeignant des animaux apparemment disparus de son environnement proche ?
Les réévaluations des collections, les fouilles et relevés d'art rupestre en cours, le développement des études paléoécologiques et paléobiologiques, et la multiplication des datations directes permettent aujourd'hui d'appréhender ces problématiques selon une approche pluridisciplinaire inédite.
Afin d'appréhender différemment les relations entre l'Homme et les autres animaux dans leurs contextes écologiques et archéologiques, un collectif de chercheurs de plusieurs institutions a initié une démarche croisée, au sein du programme Envid'Images soutenu par la fondation ENGIE. Pour tester notre approche nous avons choisi la période de transition entre le Dernier Maximum Glaciaire et le Tardiglaciaire, au sein d'un territoire marqué de nombreuses occupations et de sites ornés, entre Périgord et Quercy.
Nous proposons de présenter ici à la fois les axes explorés dans le cadre de ce programme de recherche, et les premiers résultats obtenus au sein du corpus de sites d'habitats et/ou ornés concernés par nos investigations. Elles s'appuient à la fois sur des analyses thématiques croisées de la représentation animale dans l'art pariétal et mobilier de sites inscrits entre 21 000 et 13 000 cal. BP, ainsi que sur des données archéozoologiques et géochimiques de séries fauniques de sites de Dordogne, actuellement en cours d'étude.
La confrontation de ces champs de recherche vise à jeter un regard nouveau sur la distinction entre animaux chassés et animaux figurés, toujours objet de débats et d'interrogations.