Hiatus, lacunes et absences : identifier et interpréter les vides archéologiques
31 mai-4 juin 2021 Toulouse (France)

Programme > Par auteur > Lartiges Bruno

Biocorrosion et art pariétal : une exclusion mutuelle à l'origine de vides archéologiques.
Laurent Bruxelles  1, 2@  , Jean-Yves Bigot  3@  , François Bourges  4@  , Didier Cailhol  5, 6@  , Grégory Dandurand  8, 7@  , Milena Frouin  9@  , Marc Jarry  11, 10@  , Bruno Lartiges  12@  , Stéphanie Touron  9@  , Nathalie Vanara  13@  
1 : School of Geography, Archaeology and Environmental Studies [Johannesburg]
2 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés
CNRS : UMR5608, Université Toulouse Jean Jaurès
3 : Association Française de Karstologie
Association française de karstologie
21 rue des Hospices 34090 MONTPELLIER -  France
4 : Géologie-Environnement-Conseil, Saint-Girons, France
GE - Conseil
5 : Institut national de recherches archéologiques préventives, centre archéologique de St-Orens  (Inrap, St-Orens)  -  Site web
Institut national de recherches archéologiques préventives, Institut National de Recherches Archeologiques Preventives
13 Rue du Négoce, 31650 Saint-Orens-de-Gameville -  France
6 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés  (TRACES)
Université Toulouse Jean Jaurès, CNRS : UMR5608
8 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés
CNRS : UMR5608, Université Toulouse Jean Jaurès
7 : Institut national de recherches archéologiques préventives
Institut National de Recherches Archeologiques Preventives, Institut national de recherches archéologiques préventives
9 : Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques
Ministère de la Culture et de la Communication
29, rue de Paris 77420 CHAMPS-SUR-MARNE -  France
11 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés  (TRACES)
CNRS : UMR5608, Université Toulouse Jean Jaurès
10 : Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (St-Orens)
Institut National de Recherches Archeologiques Preventives
12 : UPS  (Université de Toulouse)
Université Paul Sabatier-Toulouse III - UPS
13 : Travaux et recherches archéologiques sur les cultures, les espaces et les sociétés  (TRACES)
Université Toulouse Jean Jaurès, CNRS : UMR5608

Depuis des millénaires, les hommes et les animaux ont fréquenté le milieu souterrain. Ainsi, les grottes sont connues pour les vestiges archéologiques qu'elles contiennent, dont des œuvres pariétales, mais aussi pour abriter des colonies de chauves-souris parfois très importantes.

Si l'on connaissait l'impact des chiroptères sur le milieu souterrain, par la formation de coupoles en Bell Holes au plafond et par les altérations localisées provoquées par les jus de guano sur les parois et au sol, il apparaît que cet impact avait été largement sous-évalué. En effet, ces dernières années, les recherches en karstologie ont intégré et développé cet aspect, révélant à quel point, même sous nos latitudes, l'impact de la biocorrosion est important. Ainsi, il apparaît que les parois des grottes qui ont été occupées par ces colonies ont été fortement modifiées. Elles sont non seulement altérées, mais aussi parfois très largement refaçonnées, au point que la section de la galerie a considérablement augmenté. De nouvelles formes de parois, jusque-là inconnues, ont été identifiées et tout un nouveau catalogue de ces morphologies invite à la relecture des formes pariétales.

Évidemment, ce recul des parois a eu un impact sur les œuvres préhistoriques et, là où la biocorrosion a joué, les traces des artistes de la Préhistoire ont disparu. L'identification de l'impact de la biocorrosion permet donc d'expliquer certains vides et, surtout, de relativiser l'absence d'œuvres dans certaines parties de cavité voire dans certaines grottes. En retour, compte tenu de la généralisation de ce phénomène, on peut aller jusqu'à se demander pourquoi il reste encore des cavités ornées. Les premiers exemples qui viennent en tête montrent qu'il s'agit à chaque fois de grottes ou de parties de grottes qui n'étaient plus accessibles au chiroptères. C'est-à-dire qu'après le passage des artistes, une fermeture localisée ou généralisée de la cavité a bloqué l'accès aux chauves-souris, permettant la préservation de ces œuvres fragiles jusqu'à aujourd'hui.

Il est donc important désormais de revoir l'ensemble des grottes ornées, mais aussi des cavités occupées au cours du Paléolithique, pour évaluer en détail l'impact de la biocorrosion. Cette approche, nécessairement interdisciplinaire, regroupe des géomorphologues, des archéologues, des géochimistes mais aussi des climatologues, des éthologues et des microbiologistes. Plusieurs programmes de recherche interdisciplinaires viennent donc d'être initiés, dont les résultats concerneront l'archéologie, bien évidemment, mais également la prévention des sites exposés à la biocorrosion.

À l'évidence, une meilleure connaissance de l'impact de la biocorrosion peut apporter des éléments de réponse dont nous ne disposions pas jusque-là pour réfléchir à la répartition de l'art pariétal dans chaque cavité voire à l'échelle d'une région. En plus des autres phénomènes de taphonomie des parois déjà connus, ce phénomène permettra de donner un sens nouveau aux vides, une absence d'art pariétal aujourd'hui ne voulant pas forcément dire une absence d'artistes ni une absence d'œuvres au Paléolithique.


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